Résumé de la décision
M. B... A... a saisi le Conseil d'Etat pour obtenir l'annulation du décret n° 2020-571 du 14 mai 2020, qui fixe la date d'entrée en fonction des conseillers municipaux et communautaires élus dès le premier tour des élections organisé le 15 mars 2020, le 18 mai 2020. Sa requête et un mémoire en réplique ont été rejetés. Le Conseil d'Etat a jugé que le décret était conforme à la législation en vigueur, y compris la loi du 23 mars 2020 d'urgence face à l'épidémie de covid-19, et que les arguments fondés sur la procédure et les droits à la santé n'étaient pas suffisants pour annuler le décret.
Arguments pertinents
1. Conformité à la Constitution : Le Conseil constitutionnel a confirmé, par sa décision n° 2020-849 QPC du 17 juin 2020, la conformité à la Constitution des dispositions relatives à l'élection des conseillers, ainsi que le maintien de l'élection régulière des conseillers élus au premier tour. Le Conseil d'Etat conclut que le décret contesté n'était pas fondé sur des dispositions contraires à la Constitution, écartant ainsi le premier moyen.
2. Procédure d'avis préalable : Les dispositions de la loi du 23 mars 2020 ne subordonnent pas l'entrée en fonction des nouveaux conseillers à un avis favorable du comité de scientifiques, mais stipulent que la date d'entrée en fonction doit être fixée en tenant compte de cet avis. Le Conseil a noté que le comité avait rendu son avis le 8 mai 2020, éliminant ainsi le moyen d'irrégularité de la procédure.
3. Droit à la santé : Le décret en question ne méconnait pas les articles L. 1110-1 et L. 1411-1 du Code de la santé publique, qui garantissent le droit à la protection de la santé. Le Conseil a jugé que la fixation de la date d'entrée en fonction par le décret ne contrevenait pas à ces dispositions.
Interprétations et citations légales
1. Article 19 de la loi du 23 mars 2020 : Ce texte indique que "les conseillers municipaux et communautaires élus dès le premier tour organisé le 15 mars 2020 entrent en fonction à une date fixée par décret au plus tard au mois de juin 2020". Le Conseil d'Etat a précisé que l’autorité qui prend le décret est libre de fixer une date, à condition que ce soit dans le cadre légal et en tenant compte des avis requis.
2. Ordonnance n° 2020-462 : Cet article, pertinent pour les collectivités d'outre-mer, impose également un encadrement du décret relatif à la date d'entrée en fonction, soulignant que le cadre législatif impose d’agir dans l’intérêt public tout en garantissant le bon déroulement des élections dans le contexte de crise sanitaire.
3. Code de la santé publique – Articles L. 1110-1 et L. 1411-1 : Ces articles garantissent le droit à la protection de la santé. Le Conseil a conclu que nulle disposition de la décision n'entrerait en conflit avec ces articles, car le décret ne porte pas atteinte aux droits fondamentaux.
En somme, le Conseil d’Etat a validé la procédure et le décret d'entrée en fonction des conseillers, jugés conformes à la législation en vigueur, tant sous l'angle constitutionnel que celui des procédures administratives nécessaires lors de l'épidémie de covid-19.