Résumé de la décision
La décision concerne la demande d'extradition de M. B... A..., de nationalité macédonienne, accordée par le Premier ministre français par décret du 17 décembre 2020. M. A... est visé par deux décisions de condamnation rendues par un tribunal de première instance en Macédoine pour des infractions d'abus de pouvoir, de falsification de documents officiels et d'escroquerie. M. A... conteste l'extradition, soutenant des erreurs concernant la traduction des documents et arguant que l'extradition aurait des conséquences graves sur sa vie familiale. La décision conclut que M. A... n'est pas fondé à demander l'annulation du décret d'extradition.
Arguments pertinents
1. Sur la conformité des documents fournis : La requête d'extradition était accompagnée des textes d'incrimination traduits en français, ce qui répondait aux exigences de l'article 12 de la convention européenne d'extradition. Le Conseil d'État estime que, bien que M. A... conteste la qualité de la traduction, cela ne prive pas les autorités françaises des éléments nécessaires pour examiner la demande. Ainsi, la requête d'extradition est jugée conforme : “les stipulations précitées de la convention européenne d'extradition n'auraient pas été respectées”.
2. Sur les conséquences de l'extradition : En ce qui concerne les conséquences personnelles pour M. A..., le Conseil d'État rappelle que l'extradition peut être refusée en cas de conséquences d'une gravité exceptionnelle, mais que cette appréciation doit se faire au regard de la personne réclamée. Le Conseil affirme que l'intérêt de l'ordre public et le jugement de ceux poursuivis à l'étranger prévalent dans la procédure d'extradition : “une telle décision trouve, en principe, sa justification dans la nature même de la procédure d'extradition”.
Interprétations et citations légales
1. Article 12, paragraphe 2 de la convention européenne d'extradition (13 décembre 1957) : Ce texte spécifie les conditions précises que la demande d'extradition doit respecter, notamment la nécessité de fournir des documents traduits et les informations légales applicables. La décision précise que les documents ont été fournis en conformité avec cet article, et une traduction appropriée a été faite.
2. Réserves émises par la France lors de la ratification de la convention : Le Conseil d'État souligne que la France a émis une réserve selon laquelle l'extradition peut être refusée pour des raisons de conséquences exceptionnelles pour la personne réclamée, mais souligne que cela se réfère spécifiquement à la personne et son contexte, et non à ses arguments sur la gravité des conséquences familiales. Le Conseil d'État conclut que “le Premier ministre n'a pas commis d'erreur manifeste au regard des exigences résultant du second alinéa des réserves émises par la France”.
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule que les frais ne peuvent être mis à la charge de l'État que si la demande est fondée, ce qui conduit à rejeter les conclusions de M. A... concernant les frais, car sa requête n’est pas fondée : “ses conclusions présentées sur le fondement des dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative ne peuvent... qu'être rejetées”.
En conclusion, la décision du Conseil d'État confirme la légalité et la conformité de l'extradition demandée, tout en réaffirmant que les considérations de politique publique et les obligations internationales ont été correctement prises en compte.