Résumé de la décision
L’association Ligue de défense pour les libertés politiques et naturelles a saisi le Conseil d'État en référé pour contester l'interprétation donnée par le ministre de l'intérieur concernant les sanctions à l’encontre des militaires s’opposant à la vaccination anti-Covid-19 et à la politique sanitaire du gouvernement. La requête demande la suspension de l’interprétation comme étant une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales. Toutefois, le Conseil d'État a rejeté la demande, considérant que l’urgence n’était pas démontrée.
Arguments pertinents
1. Compétence et intérêt à agir : L'association fait valoir que le Conseil d'État est compétent en premier et dernier ressort, et qu'elle a un intérêt statutaire à agir pour défendre le principe de proportionnalité contre les mesures gouvernementales.
2. Condition d’urgence : Le requérant prétend que la condition d’urgence est remplie du fait que la décision contestée entraîne des sanctions qui portent atteinte à des libertés fondamentales. Cependant, le Conseil d'État a estimé que l'association n’a pas justifié de manière suffisamment concrète l’urgence invoquée, en se bornant à parler de sanctions sans fournir de détails probants.
3. Atteintes aux libertés fondamentales : L'association soutient que l’interdiction de toute critique, même en dehors du service, est disproportionnée et constitue une atteinte à la liberté de travail et d’expression.
Le Conseil d'État conclut que les éléments présentés ne caractérisent pas une situation d'urgence exigeant une intervention rapide.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-2 du code de justice administrative : Cet article stipule que le juge des référés peut ordonner des mesures pour sauvegarder une liberté fondamentale lorsque cela a été porté atteinte de manière grave et manifestement illégale. Il est mentionné dans la décision que « le juge des référés peut (...) ordonner toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d'une liberté fondamentale ».
2. Article L. 522-3 du code de justice administrative : Cet article permet au juge de rejeter la requête sans instruction ni audience lorsqu’il n’y a pas d’urgence ou lorsque la requête est manifestement mal fondée. Il précise que « le juge des référés peut [...] rejeter une requête sans instruction ni audience lorsque la condition d'urgence n'est pas remplie ». Dans le cas présent, le Conseil d'État a conclu que la requête de l'association ne respectait pas ces conditions.
3. Libertés fondamentales : La décision discute des restrictions sur la liberté d'expression et à la neutralité des militaires, indiquant que bien qu’elles existent, elles doivent rester proportionnées. C'est un point crucial, car le gouvernement doit justifier toute restriction au regard des « intérêts supérieurs » qu'elles sont censées protéger.
En somme, le Conseil d'État a appliqué des principes juridiques clairs en matière d'urgence et de sécurité des libertés fondamentales, tout en soulignant que les atteintes alléguées devaient être prouvées pour justifier une intervention rapide.