Résumé de la décision
La décision concerne la contestation de la conformité à la Constitution des dispositions de l'article 7 de l'ordonnance du 25 novembre 2020, qui modifie le régime des congés de maladie des fonctionnaires. L'Union nationale des syndicats autonomes (UNSA) Fonction publique a soulevé l'argument que ces dispositions portent atteinte au droit au respect de la vie privée, tel que garanti par l'article 2 de la Déclaration de droits de l'homme et du citoyen. Le Conseil d'État a jugé que la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posait un caractère sérieux et a décidé de la renvoyer au Conseil constitutionnel pour une appréciation de sa constitutionnalité. Les interventions de certaines associations ont été jugées recevables.
Arguments pertinents
1. Applicabilité et validation légale des dispositions contestées : Le Conseil d'État a vérifié que les dispositions litigieuses sont applicables au litige et n'ont pas été préalablement déclarées conformes à la Constitution. Cela est conforme à l'article 23-5 de l'ordonnance du 7 novembre 1958, qui permet de soulever un moyen concernant la législation et ses potentiels impacts sur les droits constitutionnels.
2. Sérieux de la question relative à la vie privée : Le Conseil a reconnu que le moyen soulevé par l'UNSA sur la méconnaissance du droit au respect de la vie privée, en raison de l'absence de garanties suffisantes, "soulève une question présentant un caractère sérieux". Cela souligne l'importance de protéger la vie privée des fonctionnaires même dans le cadre des demandes de congés pour invalidité temporaire.
Interprétations et citations légales
1. Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 - Article 23-5 : Cet article établit un cadre pour la soumission des questions de constitutionnalité, précisant que la QPC doit porter sur une disposition applicable au litige et non encore examinée dans le cadre d'une décision du Conseil constitutionnel.
> "Le moyen tiré de ce qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution peut être soulevé (...) à l'occasion d'une instance devant le Conseil d'Etat."
2. Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 - Article 21 bis : Ce texte énonce les droits des fonctionnaires en matière de congés pour invalidité, tout en ajoutant, à travers l'ordonnance de 2020, des conditions sur la communication des renseignements médicaux, soulevant alors des préoccupations en matière de respect de la vie privée.
> "Le fonctionnaire en activité a droit à un congé pour invalidité temporaire imputable au service [...]", et "Nonobstant toutes dispositions contraires, peuvent être communiqués [...] les seuls renseignements médicaux [...] nécessaires pour l'examen des droits définis par le présent article."
3. Déclaration des droits de l'homme et du citoyen - Article 2 : Cet article proclame le respect de la vie privée comme un droit fondamental, ciblant les conséquences des nouvelles dispositions qui peuvent affecter ce droit.
En conclusion, le Conseil d'État met en avant le besoin d'une scrutiny constitutionnelle quant à la compatibilité des mesures actuelles aux droits privés des fonctionnaires, en laissant le soin au Conseil constitutionnel de se prononcer sur la constitutionnalité de l'article contesté.