Résumé de la décision
La Cour administrative d'appel a annulé un arrêté du préfet de la Seine-Maritime ayant créé la commune nouvelle "Rives-en-Seine" à partir de trois communes, en raison d'un vice de procédure lié à la non-consultation du comité technique de la commune de Saint-Wandrille-Rançon avant la délibération. La ministre de la cohésion des territoires a contesté cette décision en se pourvoyant en cassation. La Cour suprême a rejeté ce pourvoi, confirmant l'illégalité de la création de la commune nouvelle dues aux violations des obligations de consultation des instances représentatives du personnel.
Arguments pertinents
1. Consultation du comité technique : La décision stipule que la consultation du comité technique est requise avant qu'un conseil municipal prenne une délibération sur la création d'une commune nouvelle, en vertu de l'article 33 de la loi du 26 janvier 1984, qui stipule que "les comités techniques sont consultés pour avis sur les questions relatives à l'organisation et au fonctionnement des services." La Cour a considéré que le projet de création de la commune nouvelle nécessitait un éclairage sur l'organisation des services des communes concernées.
2. Vice de procédure : Il est affirmé que le non-respect d'une procédure (consultation préalable) constitue un vice pouvant entacher la légalité d'une décision administrative. La Cour a noté que, sans cette consultation, le personnel de la commune était privé d'une garantie essentielle, ce qui a conduit à l'annulation de la décision du préfet.
3. Évaluation des faits : La Cour a exercé sa souveraineté d'appréciation des faits en concluant qu'aucune circonstance particulière ne justifiait de remédier au défaut de consultation, même si le comité technique de la nouvelle commune avait été consulté par la suite.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 2113-2 du Code général des collectivités territoriales : Cette disposition permet la création d'une commune nouvelle "à la demande de tous les conseils municipaux" concernés. La Cour a interprété cette signification sans écarter l'obligation d'une consultation préalable du comité technique, mettant ainsi en avant l'importance de l'association des personnels à la décision.
2. Article 33 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 : Ce texte établit la nécessité de consulter les comités techniques pour "éclairer les organes compétents de la collectivité". La Cour a clairement affirmé que cette consultation ne peut être omise et a été un élément essentiel dans la prise de décision.
3. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : Cet article stipule que "lorsqu'une partie est condamnée, elle peut être mise à la charge de l'Etat de verser une somme au titre des frais non compris dans les dépens." Dans cette décision, la Cour a ordonné à l'État de verser 1500 euros à l'association requérante et aux parties civiles, renforçant ainsi le principe de reconnaissance des droits et des garanties au bénéfice des citoyens touchés par des vices de procédures administratives.
En conclusion, cette décision vient rappeler l'importance des consultations des instances représentatives dans le fonctionnement des collectivités territoriales et souligne la vigilance exercée par la justice administrative pour assurer le respect des droits des personnels concernés.