Résumé de la décision
Le ministre de l'action et des comptes publics conteste un arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes qui avait annulé des impositions d'impôt sur le revenu à l'encontre de M. et Mme B..., associés de la société civile immobilière (SCI) "Le Châtelet". Après vérification de la comptabilité de la SCI et de la situation fiscale des associés, l'administration avait imposé les résultats de la société. Le tribunal administratif avait partiellement fait droit à la demande des requérants, mais la cour d'appel avait ensuite considéré que les résultats réalisés par la SCI ne pouvaient pas être réintégrés dans la base d'imposition des associés. Le Conseil d'Etat, statuant sur le pourvoi, a annulé les articles concernés de l'arrêt, considérant qu'il y avait eu erreur de droit dans l'interprétation de la législation fiscale applicable.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit : La cour d’appel a commis une erreur de droit en écartant l'application du I de l'article 239 ter du Code général des impôts, sous prétexte que l'activité de la SCI n'avait pas été réalisée sur les terrains mentionnés dans son objet social. Le Conseil d'État précise que la réalisation d'opérations de construction en vue de la vente peut s'appliquer à des terrains différents, ce qui n'affecte pas la nature des activités de la société.
> "La circonstance qu'une société a réalisé de telles opérations sur des terrains différents de ceux qui sont mentionnés dans ses statuts est sans incidence sur l'appréciation à porter sur la nature de ses activités."
2. Applicabilité des dispositions fiscales : Selon le Conseil d'État, les dispositions limitant l'exemption d'impôt sur les sociétés aux sociétés civiles qui ont pour objet la construction d'immeubles en vue de la vente ne doivent pas être interprétées restrictivement au point de négliger l'effectivité de l'activité engagée.
Interprétations et citations légales
Les articles cités dans la décision sont les suivants :
- Code général des impôts - Article 206 : Cet article établit que certaines sociétés civiles doivent s'acquitter de l'impôt sur les sociétés si elles mènent des activités spécifiques, y compris des opérations de construction et de vente. Il précise que cela s'applique, sous certaines conditions, aux sociétés civiles non constituées sous la forme de sociétés par actions.
- Code général des impôts - Article 239 ter : Cet article définit les exceptions à l'imposition des sociétés civiles, stipulant que ces dispositions sont applicables aux sociétés ayant pour objet la construction d’immeubles en vue de leur vente, tout en précisant qu’une telle exemption ne peut être écartée simplement parce que l'activité ne s'est pas déroulée sur les terrains spécifiquement mentionnés dans les statuts de la société.
> "Les sociétés civiles visées au premier alinéa sont soumises au même régime que les sociétés en nom collectif effectuant les mêmes opérations ; leurs associés sont imposés dans les mêmes conditions que les membres de ces dernières sociétés."
Ces extraits illustrent l'importance de la nature des opérations réalisées par une société par rapport à son objet social et aux obligations fiscales qui en découlent. En conclusion, le Conseil d'Etat, par sa décision, clarifie l'application des règles fiscales concernant les sociétés civiles et leur fonction dans la construction immobilière.