Résumé de la décision
La société civile immobilière (SCI) Kimmo, propriétaire de locaux d'une superficie de 1 466 m² à Saint-Jean-de-Védas, contestait la valeur locative fixée par l'administration pour l'établissement de la taxe foncière. L'administration avait initialement évalué cette valeur par comparaison avec un local-type, mais en 2018, elle a opéré une substitution à un autre local-type dont la valeur unitaire était supérieure. Après le rejet de sa demande par le tribunal administratif, la société Kimmo se pourvoit en cassation. La Cour a annulé le jugement du tribunal administratif, en considérant que la motivation de celui-ci était insuffisante et a renvoyé l'affaire à ce même tribunal, tout en condamnant l'État à verser 3 000 euros à la société au titre des frais d'instance.
Arguments pertinents
1. Insuffisance de motivation : La Cour a jugé que le tribunal administratif n'avait pas suffisamment motivé son jugement, notamment en ce qui concerne la comparaison entre les locaux-types : « en jugeant que le local-type n° 27 bis pouvait être retenu comme terme de comparaison sans répondre à ce moyen [...] le tribunal administratif a insuffisamment motivé son jugement. »
2. Caractéristiques des locaux : La société contestait que le local-type n° 27 bis, correspondant à un hypermarché, puisse servir de référence pour des locaux ayant des caractéristiques différentes. La Cour souligne que l'administration doit démontrer que le local de référence présente des caractéristiques similaires en « affectation, situation, importance, état d'entretien et aménagement ».
3. Argumentation sur la construction et le loyer : La société Kimmo a fourni des éléments quant à l’année de construction et à la location sous conditions de prix anormales, ce qui a renforcé la nécessité d’une analyse adéquate de ces points par le tribunal.
Interprétations et citations légales
1. Évaluation par comparaison : Selon le Code général des impôts - Article 1498, l'évaluation par comparaison permet de déterminer la valeur locative d’un bien non loué selon les conditions d'autres biens similaires, « choisies dans la commune ». L'article détermine que pour des biens loués à des conditions normales, « la valeur locative est celle qui ressort de cette location », mais pour des biens loués à conditions anormales, « la valeur locative est déterminée par comparaison ».
2. Critères de comparaison : L'article 324 Z de l’annexe III précise que « l'évaluation par comparaison consiste à attribuer à un immeuble ou à un local donné une valeur locative proportionnelle à celle qui a été adoptée pour d'autres biens de même nature ». Cela implique une définition précise des "types" de locaux selon leur catégorie visée, ainsi que leurs caractéristiques.
3. Insuffisance de motivation : La Cour a fait valoir que l'insuffisance de réponse à l'argumentation une fois soumise par la société constitue un manquement au principe de motivation des décisions administratives. Cela se réfère à un cadre plus large de contrôle de la légalité des décisions de l'administration.
Cette décision souligne l'importance d'une évaluation rigoureuse basée sur des termes de comparaison pertinents, et de la nécessité d'une motivation claire et adéquate lors des jugements administratifs.