Résumé de la décision
Dans cette affaire, la société Entoma a contesté un arrêté préfectoral du 27 janvier 2016 qui suspendait la mise sur le marché de ses produits, entraînant leur retrait. Le juge des référés du tribunal administratif de Paris a initialement suspendu cet arrêté en raison de l'urgence et d'un doute sérieux sur sa légalité. Le ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique a interjeté appel de cette décision. En définitive, le pourvoi du ministre a été rejeté et l'État a été condamné à verser 3 000 euros à la société Entoma pour les frais de justice.
Arguments pertinents
1. Urgence de la situation: Le juge des référés a constaté que l'interruption des activités commerciales de la société Entoma compromettrait sa viabilité et l'emploi de ses salariés. En effet, il a déclaré que "la perte de chiffre d'affaires résultant de l'interruption de la commercialisation [...] pouvait compromettre la viabilité de [l]entreprise".
2. Doute sur la légalité de l'arrêté: Le tribunal a estimé que l'arrêté de suspension était potentiellement illégal en raison du fondement sur le règlement (CE) n°258/97, qui ne s'applique qu'aux "ingrédients alimentaires isolés à partir d'animaux", alors que ce qui était commercialisé concernait des insectes entiers. La décision précise que "le juge des référés n'a pas commis d'erreur de droit en jugeant qu'était de nature à créer un doute sérieux sur la légalité de l'arrêté attaqué".
Interprétations et citations légales
1. Article L. 521-1 du Code de justice administrative : Cet article autorise le juge des référés à suspendre l'exécution d'une décision administrative lorsque l’urgence est justifiée et qu’un moyen crée un doute sérieux sur sa légalité. La formulation de la loi se lit comme suit : "Quand une décision administrative, [...] fait l'objet d'une requête en annulation ou en réformation, le juge des référés, [...] peut ordonner la suspension de l'exécution de cette décision [...] lorsque l'urgence le justifie et qu'il est fait état d'un moyen [...] un doute sérieux quant à la légalité de la décision".
2. Règlement (CE) n° 258/97: La décision aborde le champ d'application de ce règlement et souligne son inapplicabilité dans le cas des insectes entiers. En vertu de l'alinéa e) du 2 de l'article 1 de ce règlement, il est stipulé que ce règlement s'applique "aux ingrédients alimentaires isolés à partir d'animaux", ce qui indique que son application à d'autres formes, comme des insectes entiers, pourrait être juridiquement douteuse.
3. Article L. 761-1 du Code de justice administrative : Cet article stipule que l'État doit verser une somme pour les frais de justice, ce qui a conduit à la condamnation de l'État à verser 3 000 euros à la société Entoma.
En résumé, la décision souligne la nécessité d'une évaluation rigoureuse des impacts d'un arrêté administratif sur les entreprises et les employés, ainsi que l'importance de l'examen de la légalité sur la base du cadre normatif applicable.