Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi du ministre de l'agriculture et de l'alimentation, enregistré le 15 juin 2017, contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes qui avait rejeté un appel relatif à la récupération de subventions déclarées illégales par la Commission européenne. Cette subvention concernait des allègements de cotisations sociales accordés par la France aux pêcheurs suite aux dommages causés par le naufrage du navire Erika et par des tempêtes en 1999. La Cour de justice de l'Union européenne a ultérieurement annulé la décision de la Commission européenne, soulignant que ces allègements constituaient un avantage pour les salariés et non pour les entreprises elles-mêmes. Le Conseil d'État a rejeté le pourvoi du ministre en considérant que la déclaration d'invalidité de la décision de la Commission européenne entraînait l'illégalité de la mesure nationale de récupération.
Arguments pertinents
1. Nature des bénéficiaires des subventions : La cour a souligné que les entreprises de pêche, en tant qu'employeurs, n'étaient pas les véritables bénéficiaires des allègements de cotisations, puisque ces allègements profitaient directement aux salariés. Cela signifie que la Commission européenne avait commis une erreur de droit en considérant les allègements comme des aides d'État à la charge des entreprises.
2. Invalidité de la décision de la Commission : L'arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne a déclaré la décision 2005/239/CE invalide, en précisant que les aides devaient être requalifiées. Cela a eu des répercussions immédiates sur les décisions administratives en conséquence, en particulier le titre de perception émis pour récupérer les aides.
Citation pertinente : "La déclaration d'invalidité de la décision 2005/239/CE de la Commission... emporte, par voie de conséquence, l'illégalité du titre de perception émis le 22 février 2013."
3. Examen des conséquences juridiques : Le Conseil d'État a affirmé que l'annulation d'un acte administratif entraîne l'annulation par voie de conséquence des décisions qui en découlent, ce qui est d'ordre public.
Citation pertinente : "Il incombe au juge administratif... de prononcer leur annulation par voie de conséquence, le cas échéant en relevant d'office un tel moyen."
Interprétations et citations légales
1. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article prévoit que les litiges dans lesquels l'État est partie peuvent aboutir à une condamnation financière en faveur des parties gagnantes pour couvrir leurs frais de justice. Cela a été appliqué dans cette décision, où une somme de 3 000 euros a été attribuée à la société Compagnie française du thon océanique.
Citation pertinente : "Il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de l'État une somme de 3 000 euros."
2. Traitement des aides d'État : Les articles pertinents du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE) régissent les aides d'État et leur compatibilité avec le marché commun. En l'espèce, la cour a abrogé la qualification d'aide d'État en raison d'une erreur de qualification initiale par la Commission.
3. Autorité de la chose jugée : Le Conseil d'État a précisé que les décisions des juridictions de l'Union, lorsqu'elles annulent des actes, doivent être intégralement respectées par les juridictions nationales, ce qui renforce l'intégration entre droit national et droit européen.
Citation pertinente : "Lorsque les juridictions de l'Union ont annulé ou déclaré invalide un acte émanant des institutions et organes de l'Union, ces règles sont applicables devant le juge administratif."
Cette structure démontre l'interaction entre la législation nationale, le droit européen, et l'impératif de respecter les décisions judiciaires au sein des systèmes juridiques.