Résumé de la décision
M. et Mme A... ont contesté une décision de la cour administrative d'appel de Bordeaux qui avait confirmé le jugement du tribunal administratif de Pau. Ce dernier avait rejeté leur demande de décharge concernant les suppléments d'impôt sur le revenu et des majorations qui leur avaient été imposés suite à un redressement fiscal. Ce redressement était lié à la remise en cause des réductions d'impôt sur le revenu dont ils avaient bénéficié entre 2006 et 2009, sur la base de l'article 199 undecies A du code général des impôts, en raison de la location de deux biens immobiliers dont ils n'avaient pas prouvé que leurs locataires en faisaient leur habitation principale. Le Conseil d'État a rejeté leur pourvoi, considérant que l'administration fiscale avait suffisamment démontré que les locataires n'occupaient pas les logements comme résidence principale.
Arguments pertinents
1. Souveraineté d'appréciation : La cour a jugé que l'administration fiscale établissait, par la production d'avis d'imposition, que les locataires ne faisaient pas de ces logements leur habitation principale. L'arrêt souligne que "la cour a souverainement apprécié les pièces du dossier qu'elle n'a pas dénaturées".
2. Conditions d'éligibilité à la réduction d'impôt : Selon l'article 199 undecies A du code général des impôts, "le bénéfice de l'avantage fiscal qu'elles prévoient est subordonné à la condition que le locataire fasse effectivement de l'immeuble qui lui est loué par le contribuable son habitation principale." Cette condition n'était pas remplie, justifiant ainsi le redressement fiscal.
3. Remise en cause de la bonne foi de M. et Mme A... : La cour a également considéré que la simple existence de baux à usage d'habitation principale ne suffisait pas à établir que les logements étaient effectivement utilisés comme tels par les locataires, soulignant que M. et Mme A... ne pouvaient pas invoquer ignorance du changement d'affectation.
Interprétations et citations légales
L'article 199 undecies A du code général des impôts est au cœur de la décision. Ce texte encadre les conditions d'octroi d'une réduction d'impôt incitative pour les investissements dans les départements d'outre-mer. La décision met en avant plusieurs éléments clés de cette législation :
- Condition de location : L'alinéa 1 précise que la réduction d'impôt est conditionnée à un bail effectif de location, précisant que “la réduction d'impôt s'applique… à des personnes, autres que son conjoint ou un membre de son foyer fiscal, qui en font leur habitation principale”.
- Reprises fiscales en cas de non-respect : L'alinéa 7 indique clairement que “en cas de non-respect des engagements”, la réduction d'impôt peut être reprise pour l'année concernée.
Le Conseil d'État rappelle ainsi que la législation vise à encadrer rigoureusement l'usage des biens immobiliers pour que les avantages fiscaux ne soient pas indûment perçus. Cela met en lumière l'importance d'une gestion vigilante des situations locatives pour éviter toute forme de redressement fiscal.
En conclusion, la décision illustre comment une interprétation stricte des textes fiscaux peut avoir des répercussions significatives sur les avantages fiscaux perçus par les contribuables et souligne l'importance d'une documentation adéquate pour prouver la conformité aux exigences légales.