Résumé de la décision
La décision concerne une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par Mme A..., qui contestait l'article L. 233-3 du code de justice administrative. Cet article établit que les membres des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel issus de l'Ecole nationale d'administration (ENA) ne peuvent être nommés qu'au grade de conseiller, ce que Mme A... considère comme porteur d'atteintes au principe d'égalité et à l'égal accès aux emplois publics. Le Conseil d'État a décidé qu'il n'y avait pas lieu de renvoyer la QPC au Conseil constitutionnel, considérant que les arguments présentés ne présentaient pas un caractère sérieux.
Arguments pertinents
1. Sur l'égal accès aux emplois publics : Le Conseil d'État a constaté que le moyen invoqué par Mme A... ne contenait pas les précisions nécessaires pour apprécier son bien-fondé. Il a rappelé que le principe d'égal accès aux emplois publics, posé par l'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, ne s'applique pas de manière absolue sans distinction.
2. Sur le principe d'égalité : Le Conseil a noté que l'intégration des membres issus de l'ENA dans un même grade ne viole pas le principe d'égalité, car les personnes se trouvant dans des situations différentes ne doivent pas nécessairement être traitées de manière identique. Il a déclaré que « le respect de ce principe d'égalité ne s'apprécie qu'entre fonctionnaires d'un même corps ».
3. Sur la différence de traitement entre fonctionnaires : Le Conseil d'État a rejeté l'argument selon lequel l'article L. 233-3 introduisait une différence de traitement entre membres du même corps, soulignant que les régulations concernant l'échelonnement indiciaire et l'intégration expliquent cette disparité, sans que cela soit considéré comme une atteinte au principe d'égalité.
Interprétations et citations légales
1. Ordonnance n° 58-1067 - Article 23-5 : Cet article stipule que "le moyen tiré de ce qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution peut être soulevé... à l'occasion d'une instance devant le Conseil d'État." Cela signifie qu'une telle contestation doit être accompagnée de la démonstration d'un caractère sérieux et d'un certain changement de circonstances.
2. Code de justice administrative - Article L. 233-3 : Ce texte précise que pour le corps des tribunaux administratifs issus de l'ENA, les nominations se font dans le grade de conseiller, ce qui est vu comme une garantie d'intégration et non de discrimination.
3. Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 - Article 6 : Cet article énonce clairement le principe du libre accès aux emplois publics, énonçant que « tous les citoyens ont droit de concourir, à l'égal des autres, à l'emploi public ». Toutefois, le Conseil a reconnu que ce droit ne signifie pas que des procédures distinctes pour les candidats dans des situations différentes sont interdites.
En conclusion, le Conseil d'État a validé la constitutionnalité des dispositions contestées en arguant que les critiques formulées ne montrent pas une nouvelle question sérieuse de constitutionalité, et a donc décidé qu'il n'était pas nécessaire de renvoyer la question au Conseil constitutionnel.