Résumé de la décision
Le Conseil d'État a été saisi à la suite d'une procédure initiée par le Conseil national de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes à l'encontre de Mme A..., qui était contestée sur la compétence du Conseil à fixer le montant des cotisations annuelles pour les assureurs. Mme A... avait soulevé une exception d'illégalité concernant les délibérations du Conseil national fixant les cotisations, soutenant l'absence de décret en Conseil d'État prévu par la réglementation applicable. Le Conseil a déclaré que l'exception soulevée par Mme A... n'était pas fondée, affirmant que le Conseil national disposait bien du pouvoir de fixer ces montants.
Arguments pertinents
1. Compétence du Conseil national : La décision met en avant que, selon les dispositions de l'article L. 4321-16 du code de la santé publique, le Conseil national de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes a la compétence pour déterminer par délibération le montant des cotisations annuelles. Ce pouvoir est établi sans qu'il soit nécessaire d'avoir au préalable des règlements d'application.
> "L'article L. 4321-16 du code de la santé publique confie au Conseil national de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes le pouvoir de fixer, par une délibération, le montant des cotisations annuelles dues par les masseurs-kinésithérapeutes."
2. Absence de nécessité d'un décret : Le Conseil d'État a souligné que l'absence d'un décret en Conseil d'État pour appliquer les articles relatifs à la fixation des cotisations ne rend pas l'article L. 4321-16 inapplicable. Ainsi, le Conseil national a agi en conformité avec ses prérogatives légales malgré l’absence de réglementation supplémentaire.
> "L’application de ces dispositions n'est pas manifestement impossible en l'absence de mesures réglementaires d'application."
3. Rejet de la demande de remboursement : Le Conseil national n'était pas fondé à réclamer des frais au titre des frais juridictionnels, ce qui montre une évaluation équilibrée des circonstances, refusant ainsi toute compensation financière dans cette affaire.
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, plusieurs textes de loi ont été appliqués, notamment :
- Code de la santé publique - Article L. 4321-16 : Cet article confère explicitement au Conseil un pouvoir qui n'est pas subordonné à l'existence d'autres règlements.
> "Le conseil national fixe le montant de la cotisation qui doit être versée à l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes par chaque personne physique ou morale inscrite au tableau."
- Code de la santé publique - Article L. 4321-20 : Bien que ce texte mentionne la nécessité d’un décret pour certaines modalités, le Conseil d'État a précisé que cela ne renforce pas l'argument d'illégalité soulevé par Mme A..., car les délibérations sont en adéquation avec les pouvoirs conférés par la loi.
> "Un décret en Conseil d'Etat détermine les modalités d'application des dispositions des articles L. 4321-15 à L. 4321-19."
Cette décision illustre ainsi comment les juridictions administratives peuvent interpréter et appliquer les normes d’une manière qui respecte les compétences des organismes professionnels, tout en tenant compte de l’éventuelle absence de réglementations spécifiques. Le Conseil d'État a ainsi réaffirmé la légitimité institutionnelle du Conseil national de l'ordre des masseurs-kinésithérapeutes dans la gestion des cotisations, sans nécessiter l’intermédiaire de décrets, sauf si ceux-ci sont explicitement requis par la loi.