Résumé de la décision
M. A... B..., professeur à l'université de Picardie Jules Verne, a contesté par une requête la décision de prolongation de sa suspension pour une durée de trois mois, prononcée par le président de l'université. Cette suspension faisait suite à des accusations de harcèlement sexuel. Le Conseil d'Etat a statué en rejetant ces requêtes, soutenant que les mesures de suspension étaient légalement fondées et justifiées par des éléments suffisants de vraisemblance et de gravité concernant les faits qui lui étaient imputés.
Arguments pertinents
1. Compétence de l'autorité administrative : Le Conseil d'Etat a souligné qu’il n’y avait pas d’erreur de compétence de la part du président de l'université en prolongeant la suspension. M. B... a tenté de démontrer que le président était lié par les conclusions d'une enquête interne, mais le jugement a précisé que cela n'était pas le cas.
> "Il ne ressort pas des pièces du dossier que le président de l'université ait méconnu sa compétence."
2. Procédure d'enquête : M. B... a critiqué la procédure d'enquête interne, mais le Conseil a relevé que cette procédure était simplement informelle et non requise par les textes.
> "Cette procédure, qui n'est pas exigée par les dispositions citées, a eu pour seul objet d’éclairer le président de l’université."
3. Vraisemblance des faits : Sur l’allégation que les faits étaient insuffisants pour justifier la suspension, le Conseil a accordé du poids aux témoignages concordants recueillis durant l’enquête.
> "Le président de l'Université a pu, en l'état des éléments portés à sa connaissance, estimer que les faits imputés à M. B... revêtaient un caractère suffisant de vraisemblance et de gravité."
4. Durée de la suspension : M. B... a contesté la durée de sa suspension, arguant qu'elle n'avait pas respecté les délais réglementaires, mais le Conseil a souligné que les circonstances entourant l'affaire justifiaient cette durée.
> "M. B... n'est pas fondé à soutenir que la décision du 27 février 2019 est entachée d'erreur d'appréciation en ce qu'elle maintient sa suspension pendant une période comprenant une période de vacances universitaires."
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'Etat se fonde principalement sur le cadre législatif du Code de l'éducation - Article L. 951-4, qui stipule que le ministre peut prononcer la suspension d’un membre du personnel de l’enseignement supérieur pour un maximum d’un an, "sans suspension de traitement". Cette rubrique établit la légitimité de la suspension en tant que mesure conservatoire, essentielle pour préserver l'intérêt du service public :
> "Le ministre chargé de l'enseignement supérieur peut prononcer la suspension d'un membre du personnel de l'enseignement supérieur pour un temps qui n'excède pas un an, sans suspension de traitement."
Les décisions du président de l’université doivent donc respecter ce cadre, et le Conseil d’Etat a conclu qu’il n’y avait eu aucune méconnaissance de ce cadre réglementaire. Le jugement a également pris en compte que la suspension doit se fonder sur un jugement global des comportements reprochés, comme il est spécifié dans le décret n° 84-431 du 6 juin 1984, dont les exigences sont sous-jacentes aux procédures disciplinaires d’établissements publics d’enseignement supérieur.
Finalement, le Conseil d’Etat rejette les demandes de M. B..., consolidant ainsi la possibilité pour les établissements d’enseignement supérieur de prendre des mesures disciplinaires conservatoires lorsque des faits graves sont relevés, tout en respectant le cadre légal en vigueur.