Résumé de la décision
La société Prevor avait demandé l'autorisation de licencier Mme A..., une salariée protégée. L'inspectrice du travail a refusé cette autorisation en se basant sur trois motifs : un vice dans la procédure de consultation du comité d'entreprise, l'absence de gravité suffisante des fautes reprochées et un lien présumé entre la candidature de Mme A... aux élections professionnelles et la demande de licenciement. Le tribunal administratif a ensuite annulé ce refus, mais cet arrêt a été contesté par la cour administrative d'appel qui a annulé la décision du tribunal en soulignant un manque de motivation dans la demande de licenciement. La société Prevor se pourvoit en cassation, ce qui conduit à l'annulation de l'arrêt de la cour administrative d'appel pour erreur de droit.
Arguments pertinents
1. Inopérabilité des motifs soulevés par la société Prevor :
La cour administrative d'appel a été critiquée pour ne pas avoir pris en compte d'autres moyens de contestation soulevés par la société. La décision a été invalidée en raison de sa conclusion selon laquelle l'inspecteur du travail se trouvait en situation de compétence liée. Cette position a été jugée incorrecte, car cela ignore l'examen des faits pour évaluer l'insuffisance de motivation, ce qui implique une appréciation de la part de l'autorité administrative.
> "En statuant ainsi, alors que l'inspecteur du travail [...] n'était donc pas en situation de compétence liée [...] la cour administrative d'appel a commis une erreur de droit."
2. Responsabilité de l'inspecteur du travail :
L'inspecteur du travail doit non seulement évaluer les motifs de licenciement énoncés dans la demande, mais également se prononcer sur la légalité externe qui entoure cette demande. Cette nuance est essentielle car elle implique que le refus d’autorisation n’est pas strictement mécanique mais requiert un examen des faits sous-jacents.
> "L'inspecteur du travail [...] était nécessairement conduit à porter une appréciation sur les faits de l'espèce."
Interprétations et citations légales
1. Régime des salariés protégés :
Le cadre légal concernant le licenciement des salariés protégés est précisé dans le Code du travail - Article R. 2421-10. Ce texte établit les obligations de l'employeur de fournir une demande d'autorisation motivée :
> "La demande d'autorisation de licenciement [...] énonce les motifs du licenciement envisagé."
Cette obligation de motivation est primordiale car elle garantit que l'autorité compétente (inspecteur du travail) puisse examiner la légitimité du licenciement sans être influencée par des motifs non soulevés dans la demande initiale.
2. Compétence de l'inspecteur du travail :
La décision souligne que la compétence de l'inspecteur n'est pas seulement administrative mais aussi d'évaluation des faits pour se prononcer sur la demande de licenciement :
> "L'inspecteur du travail ne peut [...] se fonder sur d'autres motifs que ceux énoncés dans la demande."
Ainsi, la reconnaissance de l’insuffisance de la motivation de la demande a été mal interprétée par la cour, ce qui a conduit à la conclusion que la requête de la société Prevor revêtait une importance décisionnelle qui nécessitait une réévaluation en fonction des faits pertinents.
Conclusion
Cette décision met en exergue la complexité entourant le licenciement des salariés protégés, soulignant l'importance d'une demande d'autorisation clairement motivée. L'erreur de droit commise par la cour administrative d'appel renvoie l'affaire à un nouvel examen pour garantir que tous les aspects légaux et factuels soient pris en compte et que les droits des parties soient respectés.