Résumé de la décision
Dans le cadre d'un licenciement collectif pour motif économique, la société Trucks and Stores a obtenu l'autorisation de licencier M. D… de l'inspecteur du travail. Ce dernier a été contesté par M. D… devant le tribunal administratif qui a rejeté sa demande d'annulation. Cependant, la cour administrative d'appel de Nantes a annulé cette décision, ce qui a conduit MeA..., liquidateur de la société, à se pourvoir en cassation. La décision de la cour a été annulée par le Conseil d'État, qui a décidé de renvoyer l'affaire à la cour administrative d'appel tout en rejetant les conclusions de mise à la charge de frais d'avocat.
Arguments pertinents
1. Le respect de la procédure de licenciement collectif : L'article L. 1233-28 du Code du travail impose à l'employeur de consulter le comité d'entreprise dans le cadre d'un licenciement collectif. La décision souligne que l'inspection du travail doit contrôler cette procédure. Le Conseil d'État a noté que l'autorité administrative ne pouvait légalement accorder l'autorisation de licenciement sans vérifier que le comité d'entreprise avait reçu tous les éléments pour se prononcer en connaissance de cause.
2. Dénaturation des documents : En estimant que les comités d'entreprise n'avaient pas les éléments nécessaires pour se prononcer, la cour d'appel a dénaturé les pièces du dossier, comme l’avait souligné la note de présentation qui contenait des informations sur la situation économique des sociétés concernées. Cela a été un point central justifiant l'annulation de la décision antérieure.
3. Frais d’avocat : Il a été décidé, sur le fondement de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, qu'aucune somme ne serait mise à la charge de MeA... ou de M. D... concernant les frais de justice, reconnaissant les circonstances de l'affaire.
Interprétations et citations légales
1. Contrôle de la régularité de la procédure : La décision insiste sur la nécessité pour l'administration de vérifier que le comité d'entreprise a été correctement consulté, conformément à l'article L. 1233-28 du Code du travail. Cette exigence montre l'importance des droits des salariés protégés au sein d'une procédure de licenciement collectif.
- Code du travail - Article L. 1233-28 : "L'employeur qui envisage de procéder à un licenciement collectif pour motif économique d'au moins dix salariés dans une même période de trente jours réunit et consulte, selon le cas, le comité d'entreprise ou les délégués du personnel..."
2. Droit à l'information : L'article L. 1233-31 du même Code stipule que l'employeur doit fournir aux représentants du personnel toutes les informations utiles sur le projet de licenciement, ce qui a été jugé non respecté dans ce cas.
- Code du travail - Article L. 1233-31 : "L'employeur adresse aux représentants du personnel, avec la convocation à la réunion, tous renseignements utiles sur le projet de licenciement collectif..."
3. Dénaturer les pièces du dossier : La cour a été critiquée pour avoir clairement négligé des documents importants dans son évaluation, ce qui est explicitement déclaré dans la décision.
- Le Conseil d'État a précisé que "la cour a dénaturé les pièces du dossier qui lui étaient soumis", mettant en lumière l'importance de l'exactitude de l'interprétation des faits dans les décisions judiciaires.
En somme, cette décision souligne la rigueur des procédures dans le cadre des licenciements collectifs et l'importance des droits des employés face aux mesures économiques des employeurs.