Résumé de la décision
M. A... D... a saisi le tribunal administratif de Lyon le 27 février 2014 pour contester un arrêté du 14 août 2013 mettant fin à une concession de logement. Sa requête a été rejetée par un jugement du 26 décembre 2016, et son appel a été également rejeté. M. D... s'est ensuite tourné vers le Conseil d'État pour revendiquer une réparation du préjudice prétendument causé par la durée excessive de la procédure. Le Conseil d'État a constaté que les durées des différentes phases du jugement n'étaient pas excessives (près de sept ans en total) et que la contribution de M. D... à l'allongement de la procédure étant notable, il a rejeté sa requête, ainsi que ses demandes d'indemnisation.
Arguments pertinents
1. Délai raisonnable de jugement : Selon le Conseil d'État, il est essentiel que les justiciables aient droit à un jugement dans un délai raisonnable, même si un retard n'affecte pas la validité de la décision. La jurisprudence souligne que les justiciables peuvent demander réparation pour les préjudices dus à un fonctionnement défectueux du service public de la justice, comme le stipule l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
> « Si la méconnaissance de cette obligation est sans incidence sur la validité de la décision juridictionnelle, les justiciables doivent néanmoins pouvoir en faire assurer le respect. »
2. Délai d'examen concret : L'analyse de la durée de la procédure doit se faire de manière globale et concrète. Pour M. D..., le tribunal a constaté que les durées des procédures devant le tribunal administratif et la cour d'appel ne sont pas excessives, surtout en prenant en compte la complexité de l'affaire.
> « […] ni la durée de deux ans et dix mois, devant le tribunal administratif de Lyon, ni celle de près de deux ans et quatre mois, devant la cour administrative d'appel de Lyon, n'apparaissent excessives. »
3. Responsabilité du requérant : Le Conseil d'État a noté que M. D... avait également contribué à l'allongement de la procédure, ce qui réduit sa capacité à revendiquer une durée déraisonnable.
> « … en première instance, il n'a produit son mémoire en réplique que deux ans après l'introduction de sa demande… »
Interprétations et citations légales
1. Obligation de jugement dans un délai raisonnable : L'article L. 761-1 du code de justice administrative stipule que les décisions peuvent condamner l'État à verser une indemnisation pour les préjudices causés par une durée de jugement excessive.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article précise que toute personne qui a obtenu gain de cause devant une juridiction administrative peut demander une indemnisation des frais liés à la procédure.
2. Délai global de procédure : Le critère pour apprécier la raisonnabilité du délai doit comprendre non seulement la durée des procédures mais aussi les comportements des parties impliquées.
> « […] le caractère raisonnable du délai de jugement d'une affaire doit s'apprécier de manière à la fois globale et concrète. »
3. Complexité et diligence des parties : Le Conseil a élaboré un principe selon lequel la complexité de l'affaire et la diligence des parties doivent être prises en compte pour apprécier le caractère raisonnable du délai.
En somme, la décision souligne que le droit à un jugement dans un délai raisonnable doit être équilibré par les comportements des justiciables, soulignant l'importance d'une procédure diligentée des deux côtés du litige.