Résumé de la décision :
Dans cette affaire, M. E..., formateur à l’AFPA depuis 2000 et membre du CHSCT, avait fait l'objet d'une demande de licenciement pour motif disciplinaire de la part de son employeur en mars 2015. Cette demande a été refusée par l'inspection du travail et le ministre du travail. M. E... a contesté l’annulation de ces décisions par le tribunal administratif de Clermont-Ferrand, ce qui a conduit à une décision de la cour administrative d'appel de Lyon. Par arrêt du 6 juillet 2020, la cour a rejeté l’appel de M. E.... Cependant, le Conseil d'État a annulé cet arrêt, considérant que la cour avait commis une erreur de droit et une insuffisance de motivation. L'affaire a été renvoyée à la cour administrative d'appel de Lyon, et l'AFPA a été condamnée à verser 3 000 euros à M. E... au titre des frais de justice.
Arguments pertinents :
- La cour administrative d'appel de Lyon a jugé que le refus d'obtempérer à une nouvelle affectation, bien que constitutif d'une faute, devait être réévalué à la lumière de la nature et des modalités du changement proposé. Il est essentiel de prendre en compte les effets qu'un tel changement pourrait avoir sur la situation personnelle du salarié et plus particulièrement sur l'exercice de son mandat représentatif.
- Le Conseil d'État a souligné que l’appréciation de la gravité de la faute ne peut se limiter à la simple constatation de l’inexécution d’une instruction, mais doit intégrer l’analyse du contexte et des conséquences potentielles pour le salarié. Il est donc insuffisant d’avance que les responsabilités et le salaire restaient équivalents pour justifier le licenciement.
Interprétations et citations légales :
L'arrêt repose sur des principes établis concernant la protection des salariés élus. Deux articles sont particulièrement pertinents :
1. Code du travail - Article L. 2411-1 : cet article protège les membres des commissions de santé, de sécurité et des conditions de travail, leur conférant un statut particulier qui doit être respecté par l'employeur dans ses décisions concernant les conditions de travail.
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : il établit le droit pour le juge administratif de condamner une partie à verser une somme à titre de frais de justice lorsque la situation l'exige. Le Conseil d'État a appliqué cet article pour accorder à M. E... une indemnité en raison de la mauvaise gestion de l’affaire par l’AFPA.
Dans sa motivation, le Conseil d'État a précisé que la cour administrative d'appel devait examiner les effets du changement des conditions de travail sur l'exercice du mandat de M. E..., rappelant que "le changement des conditions de travail ne peut avoir pour objet de porter atteinte à l'exercice de ses fonctions représentatives". Cette précaution légale est cruciale pour maintenir l'équilibre entre les droits des salariés protégés et les prérogatives de l'employeur.