Résumé de la décision
M. A...B..., professeur à l'université de Rouen, a candidaté à un poste de professeur à l'université de Montpellier, demandant à bénéficier d'une procédure de mutation pour rapprochement de conjoints. Cependant, le conseil académique de cette université a rejeté sa candidature, la soumettant plutôt à un comité de sélection, entraînant ainsi l'interruption de la procédure de recrutement par le président de l'université. M. B... a contesté cette décision en demandant son annulation pour excès de pouvoir. Le tribunal a validé sa requête, annulant la délibération du conseil académique et celle du comité de sélection, ainsi que la décision d'interruption du recrutement. Il a enjoint l'université de reprendre la procédure de recrutement en conformité avec les dispositions légales et a accordé à M. B... une indemnité.
Arguments pertinents
1. Insuffisance de motivation : Le conseil académique a uniquement indiqué "inadéquation au profil du poste" sans justifications concrètes. Selon le tribunal, cette décision est insuffisamment motivée, ce qui constitue un manquement aux obligations de justification des décisions administratives.
> "M. B... est fondé à soutenir que cette délibération est insuffisamment motivée."
2. Transmission irrégulière des candidatures : Le tribunal a conclu que, faute de la motivation requise et de l’examen approprié par le conseil académique, la transmission de la candidature de M. B... au comité de sélection était illégale. Par conséquent, toutes les décisions subséquentes fondées sur cette transmission sont également entachées d’illégalité.
> "Les décisions prises, pour le recrutement sur le poste litigieux, à la suite de la transmission illégale de la candidature de M. B... sont, par voie de conséquence, également entachées d'illégalité."
3. Annulation et reprise de la procédure : Le tribunal a enjoint à l'université de revenir à la bonne procédure de recrutement, suivant les conditions établies par la loi, précisant qu'il est nécessaire d'examiner les candidatures selon l'article 9-3 du décret du 6 juin 1984.
> "Il y a lieu d'enjoindre à l'université de reprendre la procédure à ce stade."
Interprétations et citations légales
1. Interprétation de l'article 9-3 du décret n° 84-431 : Cet article autorise le conseil académique à examiner des candidatures pour mutation sans passer par le comité de sélection, ce qui est fondamental pour le statut des enseignants-chercheurs. L'illégalité constatée découle de la non-application correcte de cette disposition, étant donné que le conseil ne pouvait pas dégager des candidatures sans une justification adéquate.
> "Le conseil académique [...] examine les candidatures à la mutation et au détachement [...] sans examen par le comité de sélection."
2. Manquement à l’article R. 412-1 du code de justice administrative : Cette disposition stipule que la requête doit être accompagnée de l'acte attaqué, ce qui a été respecté par M. B..., ayant soumis les délibérations contestées après l’introduction de sa requête.
> "La requête doit, à peine d'irrecevabilité, être accompagnée, sauf impossibilité justifiée, de l'acte attaqué."
3. Droit au recours et aux dommages-intérêts : Conformément à l'article L. 761-1 du code de justice administrative, le tribunal a également décidé d'accorder une compensation financière à M. B... pour couvrir ses frais de justice, renforçant le droit à un recours effectif contre les décisions administratives.
> "Il y a lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de l'université de Montpellier une somme de 3 000 euros."
En conclusion, cette décision confirme la nécessité d’une motivation rigoureuse dans les décisions administratives et souligne l’importance de respecter les procédures établies par la loi pour le recrutement des enseignants-chercheurs.