Résumé de la décision
Cette décision concerne une demande de sursis à l'exécution d'une décision rendue par la chambre disciplinaire nationale de l'ordre des chirurgiens-dentistes le 8 juillet 2019. Cette décision imposait à Mme B... et à la SELARL de chirurgiens-dentistes Agnès B... une interdiction d'exercer la profession de chirurgien-dentiste pour une durée de trois mois, dont un mois assorti de sursis. Le tribunal a ordonné un sursis à l'exécution de cette décision, considérant que son application entraînerait des conséquences difficilement réparables pour les requérantes. Toutefois, le tribunal a rejeté la demande de mise à la charge du conseil départemental de Paris de l'ordre des chirurgiens-dentistes d'une somme de 3 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Conséquences irréparables : La décision souligne que l'exécution de l'interdiction de trois mois d'exercer la profession aurait des conséquences difficilement réparables pour Mme B... et la SELARL. Ce point a été déterminant pour insuffler la nécessité de suspendre l'exécution de la mesure disciplinaire.
> "L'exécution de la décision attaquée [...] risque d'entraîner pour elles des conséquences difficilement réparables."
2. Moyens sérieux : Le tribunal a également noté que le moyen se fondant sur une possible erreur de droit de la part de la chambre disciplinaire, relative à la conformité des articles du code de la santé publique avec le droit de l'Union européenne, est jugé sérieux. Cela implique que le recours a des chances d'aboutir, justifiant ainsi le sursis.
> "Le moyen tiré de ce que la décision [...] est entachée d'erreur de droit [...] paraît sérieux et de nature à justifier, outre l'annulation [...] l'infirmation de la solution retenue."
Interprétations et citations légales
1. Dispositions du Code de justice administrative : La décision s'appuie sur l'article R. 821-5 du code de justice administrative, qui stipule que le sursis à l'exécution d'une décision peut être ordonné si celle-ci risque d'entraîner des conséquences difficilement réparables, et si les moyens sont sérieux.
> Code de justice administrative - Article R. 821-5 : "La formation de jugement peut, à la demande de l'auteur du pourvoi, ordonner qu'il soit sursis à l'exécution d'une décision juridictionnelle rendue en dernier ressort si cette décision risque d'entraîner des conséquences difficilement réparables et si les moyens invoqués paraissent, en l'état de l'instruction, sérieux."
2. Conformité avec le droit de l'Union européenne : Les références au droit de l'Union européenne, y compris l'article 56 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne et la directive 2000/31/CE, soulignent l'importance d'une évaluation des normes nationales à la lumière des législations européennes pour garantir la libre circulation des services.
> Traité sur le fonctionnement de l'Union européenne - Article 56 : "Les restrictions à la libre circulation des services dans l'Union européenne sont interdites."
En résumé, la décision de surseer à l'exécution repose sur une évaluation des conséquences potentielles sur les requérantes, tout en tenant compte de la forte probabilité que leur contestation soit fondée, ce qui justifie une réévaluation juridique de la décision initiale. Le refus de compensation financière est également noté, illustrant la prudence du tribunal face aux circonstances de l'affaire.