Résumé de la décision
Cette décision concerne une contestation par la société Supermarchés Match de l'arrêté du maire de Huningue, qui a délivré un permis de construire à la société Hunindis pour la création d'un ensemble commercial, autorisé préalablement par la Commission nationale d'aménagement commercial. Supermarchés Match a contesté ce permis devant la cour administrative d'appel de Nancy, qui l’a rejetée. La suite du litige a conduit Supermarchés Match à se pourvoir en cassation. Le Conseil d'État a confirmé le rejet de la requête, précisant que le permis de construire ne pouvait être contesté en tant qu'autorisation d'exploitation commerciale, mais uniquement en tant qu'autorisation de construire.
Arguments pertinents
Le Conseil d'État a fondé sa décision sur plusieurs arguments juridiques significatifs, notamment :
1. Irrecevabilité de la requête de Supermarchés Match : La décision d'autorisation d'exploitation commerciale avait été rendue avant l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions législatives. Le permis de construire délivré après cette date ne peut faire l'objet d'un recours que sur la base de son statut d'autorisation de construire. En effet, le Conseil d'État souligne que "le permis de construire litigieux, délivré le 6 octobre 2015 [...] ne pouvait, le cas échéant, faire l'objet d'un recours qu'en tant qu'il tient lieu d'autorisation de construire."
2. Application des dispositions légales : Le Conseil a également indiqué que, selon l’article L. 752-1 du Code de commerce, les projets de création ou d'extension d'un magasin de plus de 1 000 m² sont soumis à une autorisation d'exploitation commerciale, mais que depuis l'entrée en vigueur de la loi n° 2014-626, le permis de construire est devenu un acte équivalant, sous certaines conditions, à cette autorisation. Ce changement légal précise que "lorsqu'un projet soumis à autorisation d'exploitation commerciale en vertu des dispositions de l'article L. 752-1 [...] doit faire l'objet d'un permis de construire, ce permis tient lieu d'autorisation d'exploitation commerciale lorsque la demande de permis a donné lieu à un avis favorable."
Interprétations et citations légales
Les interprétations des dispositions légales intégrées dans la décision sont cruciales pour comprendre le raisonnement du Conseil d'État :
- Code de commerce - Article L. 752-1 : Cet article clarifie que les projets commerciaux dépassant 1 000 m² nécessitent une autorisation et précise les cas d'extension. Son application a été ici strictement définie par le Conseil.
- Code de l'urbanisme - Article L. 425-4 : Cet article stipule que, lorsqu'un permis de construire a été accordé après un avis favorable d'une commission d'aménagement, il forest possible de considérer qu'il vaut autorisation d'exploitation commerciale, une condition cruciale dans cette affaire. Le Conseil d'État en tire la conclusion que le permis de construire délivré après un avis favorable ne peut être attaqué que pour sa légalité comme permis de construire.
- Décret n° 2015-165 du 12 février 2015 : Le décret a introduit les modalités de l'application de la loi de 2014, afin que le système de permissions soit complètement intégré et compréhensible.
Cette décision réaffirme donc l'importance des procédures législatives encadrant l'urbanisme commercial et montre comment les changements dans la législation influencent la recevabilité des recours.