Résumé de la décision
La décision du Conseil d'Etat concerne le pourvoi du centre hospitalier de Cornouaille-Quimper visant à annuler un arrêt de la cour administrative d'appel de Nantes. Cet arrêt avait annulé les décisions du centre hospitalier plaçant Mme A... en disponibilité d'office, et avait condamné l'hôpital à verser une compensation financière pour le préjudice résultant de cette mise en disponibilité, jugée illégale. Le Conseil d'Etat a annulé cette partie de l'arrêt de la cour, soulignant qu'il était erroné d'accorder une indemnité intégrale sans évaluer si l'absence de recherche de reclassement avait réellement compromis les chances de reclassement de Mme A.... L'affaire a été renvoyée à la cour administrative d'appel de Nantes.
Arguments pertinents
1. Absence de recherche de reclassement : Le Conseil d'Etat a confirmé que le centre hospitalier n'avait pas effectué de recherches nécessaires pour le reclassement de Mme A..., avant de décider de la mettre en disponibilité. La cour d'appel avait basé son jugement sur ce manquement en déclarant illégales les décisions de l'hôpital. Le Conseil d'Etat a souligné que « en accordant à l'intéressée une indemnité égale à l'intégralité de sa perte de traitement, […] la cour a entaché son arrêt d'une erreur de droit ».
2. Évaluation des chances de reclassement : Le Conseil a mis en avant qu'il était essentiel de déterminer si le défaut de recherche avait eu un impact sur les chances de reclassement de Mme A..., condition nécessaire pour justifier l'indemnisation. La cour d'appel a omis de mener cette analyse cruciale.
3. Rejet des frais d'instance : Il a également été décidé qu’il n’y avait pas lieu, dans ces circonstances, de mettre à la charge de Mme A... la somme que le centre hospitalier demandait au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, ce qui sous-entend que les frais de justice ne sont pas systématiquement attribués à la partie perdante en cas d'annulation de décision.
Interprétations et citations légales
1. Loi n° 86-33 du 9 janvier 1986 : Cette loi régule les droits des agents de la fonction publique hospitalière, notamment en ce qui concerne les congés de maladie et les situations d'inaptitude.
2. Décret n° 88-386 du 19 avril 1988, Article 17 : Ce décret stipule que lorsqu'un fonctionnaire a pris des congés de maladie pendant une période prolongée, il doit avoir un avis favorable du comité médical pour reprendre son service. La partie centrale de cet article concernant la mise en disponibilité et le reclassement est rappelée : « [...] association d'une mise en disponibilité et d'une recherche de reclassement devient obligatoire ».
3. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article prévoit la possibilité d'accorder à une partie gagnante des frais de litige. Toutefois, le Conseil d'Etat a établi qu'il n'y avait pas lieu à une telle compensation dans cette affaire.
En somme, la décision du Conseil d’Etat souligne l'importance d'effectuer rigoureusement les recherches de reclassement avant de prendre des décisions entraînant la mise en disponibilité d’un agent public. L'arrêt critique la manière dont la cour d'appel a appréhendé l’indemnisation sous l’angle du préjudice sans considérer les chances concrètes de reclassement dont Mme A... aurait pu bénéficier.