Résumé de la décision
Dans cette affaire, Mme B... a demandé en référé la suspension de la décision du président de l'université Rennes 1 qui refusait sa candidature pour sa deuxième année de master dans la spécialité "droit social - spécialité droit du travail et de la protection sociale". Le tribunal administratif a d’abord jugé que le moyen tiré de la méconnaissance des dispositions de l'article L. 612-6 du Code de l'éducation n'était pas de nature à créer un doute sérieux quant à la légalité de la décision contestée. Cependant, la cour a annulé l’ordonnance du juge des référés, considérant qu'il avait commis une erreur de droit. Néanmoins, elle a rejeté la demande de suspension en raison de l'absence de situation d’urgence, concluant que, dans les circonstances, Mme B... n’était pas fondée à demander la suspension de la décision contestée.
Arguments pertinents
Dans sa décision, la cour a fondé son analyse sur plusieurs points juridiques critiques :
1. Droit d'accès au master : La cour rappelle que l’admission à une formation de deuxième cycle sanctionnant un diplôme de master ne peut être limitée que si celle-ci figure sur une liste établie par décret, conformément à l'article L. 612-6 du Code de l'éducation. Cela signifie que, s’il n’y a pas de liste autorisant des limitations de capacité, toutes les candidatures doivent être acceptées pour ceux ayant validé la première année.
> "L'admission à une formation de deuxième cycle ne peut dépendre des capacités d'accueil d'un établissement que si cette formation figure sur la liste établit par décret."
2. Erreur de droit : La cour conclut que le juge des référés a erronément estimé que les moyens présentés par Mme B... ne créaient pas de doute sérieux. La cour identifie clairement la méconnaissance de l'article L. 612-6 comme une raison valable pour suspendre la décision, indiquant que l'absence de liste limitative rendait le refus d'admission illégal.
> "En jugeant que le moyen tiré de la méconnaissance des dispositions de l'article L. 612-6 du code de l'éducation n'était pas propre à créer un doute sérieux sur la légalité de la décision contestée, le juge des référés a commis une erreur de droit."
3. Urgence justifiant la suspension : Malgré l'annulation de l'ordonnance pour erreur de droit, la cour a rejeté la demande de suspension en affirmant qu'il n’y avait pas de situation d'urgence, celle-ci ne pouvant se manifester avant la prochaine rentrée universitaire.
> "Les effets de la décision de refus contestée ne sont pas de nature à caractériser une situation d'urgence justifiant sa suspension."
Interprétations et citations légales
La décision interprète plusieurs textes législatifs, notamment :
- Code de l'éducation - Article L. 612-1 : Cet article établit la structure des études supérieures et leur organisation en cycles, précisant les droits d'admission en master.
- Code de l'éducation - Article L. 612-6 : Il précise que l’admission à une formation de deuxième cycle peut être conditionné par un décret après consultation, ce qui s’avère fondamental dans cette affaire puisque la cour a déterminé l'absence d’une telle liste pour la formation visée par Mme B....
- Arrêté du 25 avril 2002 : Cet arrêté détermine les modalités d’obtention du diplôme de master. La cour souligne que le droit d'accès à un master doit être reconnu, sauf conditions spécifiquement énoncées dans un décret.
> "Aucune limitation à l'admission des candidats du fait des capacités d'accueil d'un établissement ne peut être introduite après l'obtention des 60 premiers crédits européens."
En conclusion, cette décision illustre non seulement les droits des étudiants en matière d'admission aux cycles de formation, mais rappelle également l’importance de respecter les procédures législatives dans l’application de ces droits.