Résumé de la décision
La société Serpe a demandé l'annulation d'un arrêt de la cour administrative d'appel de Marseille qui avait rejeté son appel contre un jugement du tribunal administratif de Montpellier, lequel avait également rejeté sa demande d'annulation d'un refus de certificat de permis tacite émis par le maire de Mauguio. Le refus de permis avait été notifié à la société Forénergie, qui avait déposé la demande, rendant caduque la possibilité pour la société Serpe d'obtenir un permis de construire tacite. Le Conseil d'État a confirmé le rejet de la demande de la société Serpe et a statué qu'elle devait verser une somme de 3 000 euros à la commune de Mauguio pour les frais exposés.
Arguments pertinents
1. Notion de refus express et effet sur le permis tacite: Le Conseil d'État a confirmé que lorsque plusieurs entités présentent une demande commune et qu'une décision de refus est notifiée à l'un des demandeurs avant l'expiration du délai d'instruction, cela empêche la création d'un permis tacite, même pour les autres demandeurs. L’article L. 424-2 du Code de l'urbanisme est fondamental ici, car il stipule que le permis est tacitement accordé en l'absence de décision notifiée.
> "Le permis est tacitement accordé si aucune décision n'est notifiée au demandeur à l'issue du délai d'instruction..." (Code de l'urbanisme - Article L. 424-2)
2. Validité du motif de rejet: Le motif du refus était fondé sur le caractère inconstructible du terrain, ce qui a été jugé suffisant pour annuler la possibilité d'un permis tacite. Le Conseil d'État a rejeté l'argument selon lequel la notification à la société Forénergie ne devrait pas affecter la société Serpe.
3. Caractère surabondant d'un argument: Bien que la cour ait noté que les deux sociétés partageaient le même représentant légal, cela a été considéré comme un argument surabondant car le fond du problème était déjà tranché.
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur des interprétations précises des dispositions du Code de l'urbanisme relatives aux demandes de permis de construire :
- Refus notifié avant la naissance d'un permis tacite: Lorsque le refus de permis est notifié à un des co-demandeurs (ici, la société Forénergie), cela empêche la validité d'un permis tacite pour les autres demandeurs, même si le projet apparaîtrait constructible selon des conditions différentes. C'est ce principe qui est explicitement établi dans le Code de l'urbanisme.
- Rôle des décisions de refus: Si le refus ne concerne que l'un des demandeurs mais est alors motivé par un critère affectant l'ensemble du projet, cela a des implications sur la possibilité de décision tacite. La cour a confirmé que la notification à la société Forénergie, fondée sur l'inconstructibilité, impliquait que les autres voies de recours étaient closes.
> "Il ne peut en aller autrement que lorsque la décision expresse de refus... ne rejette la demande de permis qu'en tant qu'elle émane de cette personne..." (extrait de la décision).
En somme, les considérations sur la nature du refus et son impact sur le permis tacite, ainsi que l'importance de la notification à un des demandeurs, ont été au cœur de l'analyse juridique effectuée par le Conseil d'État.