Résumé de la décision
Cette décision du Conseil d'État concerne l'annulation de la sanction n° 2017-298 infligée par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) à la société C8, qui avait pour effet de suspendre la diffusion des spots publicitaires dans l'émission "Touche pas à mon poste" pendant une semaine. L'annulation a été motivée par le constat que la séquence à l'origine de la sanction ne violait pas les stipulations de la convention de service en matière de dignité humaine. En conséquence, la société C8 a été reconnue en droit de réclamer une indemnisation pour les préjudices subis, qui se montant à 1 100 000 euros, ainsi qu'une somme de 3 000 euros pour les frais de justice. Le CSA a été condamné à verser ces montants.
Arguments pertinents
1. Illégalité de la sanction : Le Conseil d'État a statué que la séquence diffusée par la société C8 ne méconnaissait pas les obligations de respect de la dignité de la personne humaine, contrairement à ce que soutenait le CSA. Cela établit que "l'illégalité de cette décision de sanction constitue une faute de nature à engager sa responsabilité".
2. Préjudice économique : La société C8 a réussi à prouver un préjudice financier direct en raison de la suspension de la diffusion publicitaire, ce qui lui a permis d'obtenir réparation. Le montant estimé, soit 1,1 million d'euros, a été calculé en tenant compte des recettes publicitaires perdues.
3. Absence de preuve pour d'autres préjudices : Le Conseil d'État a rejeté les demandes d'indemnisation supplémentaires concernant des changements dans le comportement des annonceurs après septembre 2017, n'étant pas établis comme étant une conséquence directe de la sanction annulée.
Interprétations et citations légales
1. Responsabilité du CSA : En vertu de la loi n° 2017-55 du 20 janvier 2017 portant statut général des autorités administratives indépendantes, le CSA, en tant qu'autorité indépendante, doit assumer la responsabilité de ses décisions. Cela est renforcé par l'argument selon lequel cette décision prise à son encontre constitue une faute.
2. Calcul de l'indemnisation : La décision précise que la perte de chiffre d'affaires due à la sanction doit faire l'objet d'une évaluation rigoureuse. Les arguments avancés par la société C8 concernant un taux de remplissage extrapolé à 99 % n'ont pas été retenus, car non prouvés : "il n'établit pas [...] que le taux de remplissage des écrans publicitaires concernés se serait, en l'absence de sanction, élevé au-dessus de 84 %". La réduction de 9,7 % sur les recettes a été acceptée comme une nécessité, car représentant les impôts et redevances.
3. Droit à réparation : L'article L. 761-1 du code de justice administrative permet au perdant de couvrir les frais de la partie gagnante. Le CSA a été condamné à verser 3 000 euros à C8, et le texte stipule que "les dispositions de cet article font en revanche obstacle à ce qu'une somme soit mise, à ce titre, à la charge de la société C8".
En somme, cette décision illustre les principes fondamentaux de la responsabilité administrative, le droit à une réparation équitable, et la nécessité de prouver les préjudices de manière précise et documentée.