Résumé de la décision
Les consorts A... ont consulté le Pr Destée au CHRU de Lille en 1998 en raison de troubles neurologiques. Après plusieurs examens, le Pr Destée a diagnostiqué un début de maladie de Parkinson. Cependant, en 2006, un autre praticien a diagnostiqué à M. A... une maladie de Lewis et Sumner, entraînant des traitements lourds. En 2010, le tribunal administratif a ordonné une expertise, mais en 2015, la demande d'indemnisation des consorts A... a été rejetée. La cour administrative d'appel de Douai a confirmé ce rejet en 2017. Les consorts A... se sont pourvus en cassation, et la décision de la cour a été annulée, notamment en raison d'une irrégularité dans le processus d'expertise, liée à la non-communication d'un courrier du Pr Destée. Le CHRU de Lille a été condamné à verser 3 000 euros aux consorts A... au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
L'arrêt a été annulé sur le fondement d'une erreur de droit. La cour a conclu que le défaut de communication d'un document crucial (le courrier du Pr Destée) qui reconnaissait une erreur de diagnostic, entachait le caractère contradictoire de l'expertise. Elle a affirmé que :
>"le respect du caractère contradictoire de l'expertise impliquait que les parties fussent mises à même de discuter devant l'expert un élément de cette nature".
En statuant ainsi, la cour a permis à l'influence d'un élément non remis aux parties de peser sur les conclusions de l'expertise, ce qui compromet le droit à un jugement équitable.
Interprétations et citations légales
La décision s'appuie sur l'importance du respect des droits des parties, en particulier le droit au contradictoire, qui est crucial pour garantir un procès équitable. La référence à l'article R. 621-1 du code de justice administrative, qui régit les expertises, souligne la nécessité de garantir aux parties la possibilité de discuter des éléments affectant l'expertise.
Ainsi, selon le Code de justice administrative - Article R. 621-1 :
>"Les parties sont informées de la désignation de l'expert et peuvent soumettre des observations au juge sur son choix ou ses missions".
Cela illustre que l'expertise doit se dérouler dans un cadre qui respecte les droits des parties, en leur permettant d'interagir avec les éléments à considérer par l'expert. Le non-respect de cette obligation entraîne une irrégularité, justifiant l'annulation de la décision initiale.
En ce qui concerne l'article L. 761-1, il précise que :
>"Dans toutes les instances, le juge peut, en fonction des circonstances de l'affaire, condamner l'État ou une autre personne publique à verser une somme au titre des frais exposés par une partie".
Cette disposition a également conduit à la décision de faire peser les frais de justice sur le CHRU de Lille, reconnaissant ainsi la position des consorts A... face à une procédure qui n'a pas respecté les normes procédurales énoncées par la loi.