Résumé de la décision
La présente décision du Conseil d'État concerne la constitutionnalité des articles L. 130-11 et L. 130-12 du code de la route, introduits par la loi n° 2019-1428 du 24 décembre 2019. Ces articles régissent le contrôle routier et la possibilité pour l'autorité administrative d'interdire la rediffusion d'informations par des services électroniques d'aide à la conduite afin de prévenir des soustractions à des contrôles de police. Une société, Coyote System, conteste la conformité de ces dispositions avec les droits et libertés garantis par la Constitution, soulevant des questions de liberté de communication. Le Conseil d'État a décidé de renvoyer cette question prioritaire de constitutionnalité au Conseil constitutionnel.
Arguments pertinents
1. Application des critères de la QPC : Le Conseil d'État a précisé que pour qu'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soit soulevée, trois conditions doivent être remplies : la disposition doit être applicable au litige, ne pas avoir été déclarée conforme à la Constitution précédemment, et la question doit être nouvelle ou sérieuse. En vertu de cela, il a trouvé que la constitutionnalité des articles L. 130-11 et L. 130-12 était contestable.
_Citation : "Il résulte des dispositions de ce même article que le Conseil constitutionnel est saisi de la question prioritaire de constitutionnalité à la triple condition que la disposition contestée soit applicable au litige ou à la procédure..."_
2. Atteinte aux libertés garanties : La société requérante argue que ces articles portent atteinte à la liberté de communication. En effet, la rediffusion d'informations relatives à des contrôles de police serait limitée par des motifs et des périodes jugées excessives.
_Citation : "Le moyen tiré de ce que ces dispositions portent atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution, notamment à la liberté de communication entre utilisateurs d'un même service électronique d'aide à la conduite..."_
3. Question de proportionnalité : Il est relevé que la mesure interdisant la rediffusion d'informations pourrait être jugée non adaptée et disproportionnée par rapport à l'objectif de sécurité publique.
_Citation : "La possibilité de leur interdire [...] l'échange de toute information, y compris celles ne portant pas sur l'existence d'un contrôle de police, ne serait pas adaptée, nécessaire et proportionnée à l'objectif poursuivi..."_
Interprétations et citations légales
Ordonnance n° 58-1067 - Article 23-5 : Cet article permet de soulever une QPC lors d'instances étatiques, ce qui a conduit le Conseil d'État à considérer que la question soulevée par Coyote System était juridiquement valable pour un renvoi au Conseil constitutionnel.
Code de la route - Article L. 130-11 : Cet article permet à l’autorité administrative d’interdire à des services d'aide à la conduite de rediffuser des informations sur des contrôles routiers, mais cette interdiction est soumise à des conditions de durée et de portée géographique.
Code de la route - Article L. 130-12 : Cet article sanctionne les violations de l'interdiction de diffusion précisée à l'article L. 130-11 par des peines pénales, amplifiant ainsi le contrôle sur la communication d'informations concernant les contrôles routiers.
Le Conseil d'État, considérant la gravité des enjeux soulevés par les articles contestés, a donc décidé de suspendre l'examen de la requête de Coyote System jusqu'à ce que le Conseil constitutionnel se prononce, démontrant un respect pour le cadre constitutionnel au sein duquel ces nouvelles régulations sont examinées.