Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi en cassation formé par M. A... et sa famille contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Bordeaux, qui avait rejeté leur demande de réparation après une attaque de requin survenue le 5 août 2012 à Saint-Leu, La Réunion. Ils avaient initialement été déboutés par un tribunal administratif, et l'arrêt de la cour a été maintenu en raison de la suffisante information donnée par la municipalité concernant la dangerosité du site. Le Conseil d'État a finalement rejeté le pourvoi en confirmant que les autorités avaient rempli leurs obligations d'information.
Arguments pertinents
1. Obligation d'information : La cour a jugé que la municipalité avait respecté son obligation d'informer le public sur les dangers de la plage où l'accident s'est produit, puisque celle-ci était désignée comme un site dangereux, accompagné d'un panneau d'avertissement. Cela a été considéré comme une « publicité appropriée » de la réglementation applicable.
- Citation pertinente : « En jugeant, [...] que cette information du public [...] constituait une publicité appropriée de la réglementation applicable et des dangers du site, la cour a exactement qualifié les pièces du dossier. »
2. Imprudence imputable à la victime : La cour a estimé que M. A..., en tant que surfeur expérimenté, était conscient des risques, ce qui a contribué à son imprudence. Cela a été une raison clé pour considérer que l'accident était imputable à sa propre responsabilité.
- Citation pertinente : « En estimant [...] que l'intéressé ne pouvait ignorer les risques d'attaques de requins, la cour a porté sur les pièces du dossier qui lui était soumis une appréciation souveraine […] qui n'est pas entachée de dénaturation. »
3. Absence de faute de l'autorité préfectorale : Le Conseil d'État a conclu que le préfet de La Réunion n'était pas en faute pour ne pas avoir ordonné d'études sur les prélèvements de requins. Le rejet de ce moyen a été considéré comme inopérant.
- Citation pertinente : « [...] la cour s'est bornée à répondre au moyen soulevé en appel par les requérants, tiré de ce que le préfet aurait commis une faute en n'ordonnant pas de tels prélèvements. »
Interprétations et citations légales
1. Code général des collectivités territoriales - Article L. 2213-23 : Cet article précise les responsabilités du maire concernant la police des plages et la sécurité des activités nautiques. Il établit l'obligation d'informer le public des dangers potentiels.
- Citation : « [...] Le maire est tenu d'informer le public par une publicité appropriée, en mairie et sur les lieux où elles se pratiquent, des conditions dans lesquelles les baignades et les activités nautiques sont réglementées. »
2. Code général des collectivités territoriales - Article L. 2215-1 : Cet article accorde au préfet le pouvoir de prendre des mesures en cas de carence des autorités municipales, soulignant que les responsabilités sont partagées entre les niveaux de gouvernement.
- Citation : « [...] Le représentant de l'Etat dans le département peut prendre, pour toutes les communes du département ou plusieurs d'entre elles, [...] toutes mesures relatives au maintien de la salubrité, de la sûreté et de la tranquillité publiques. »
Ces articles illustrent les obligations des autorités municipales et préfectorales en matière de sécurité publique et les conditions sous lesquelles les victimes d'accidents doivent être informées des risques. La décision montre l'importance de la responsabilité individuelle face à une réglementation adéquate mise en place pour protéger le public.