Résumé de la décision
Le 29 mars 2019, le ministre de l'action et des comptes publics a formé un pourvoi devant le Conseil d'État, contestation une décision de la cour administrative d'appel de Nancy qui avait annulé des majorations de 80 % pour activité occulte, déclarées à l'encontre de M. A... pour les années fiscales 2010 et 2011. Le Conseil d'État a rejeté ce pourvoi, confirmant l'analyse de la cour d'appel, qui avait jugé que M. A... avait commis une erreur justifiant son non-respect des obligations déclaratives en matière fiscale.
Arguments pertinents
1. Portée de l'appel incident : Le Conseil d'État a d'abord affirmé que l'appel incident du ministre ne portait que sur les majorations appliquées pour les années 2010 et 2011, et non pour 2009, ce qui a permis de rejeter cette partie du pourvoi en raison de l'absence de grief. Il a été précisé que "le rejet de ces conclusions ne fait pas grief au ministre".
2. Preuve de l'activité occulte : En scrutant les obligations déclaratives de M. A..., le Conseil d'État a avancé que celui-ci n’a pas déposé de déclaration d'activité de joueur de poker et n’a pas informé de son statut aux organismes compétents. En conséquence, "l'administration doit être réputée apporter la preuve [...] si le contribuable n'est pas lui-même en mesure d'établir qu'il a commis une erreur juste".
3. Circonstances justifiant l'erreur : Le Conseil d'État a validé la position de la cour d'appel, constatant que les changements récents dans le cadre juridique et fiscal applicable au poker avaient pu induire en erreur le contribuable. La cour a tenu compte du fait qu'il n'existait pas de distinction claire dans la pratique du poker selon ses objectifs lucre ou seulement récréatif, ce qui a permis de considérer la souscription tardive de déclaration par M. A... comme une erreur justifiée.
Interprétations et citations légales
1. Champ d'application de l'article 1728 du CGI : L’article 1728 du Code général des impôts (CGI) stipule que le défaut de production d'une déclaration entraîne l'application de majorations :
- CGI - Article 1728 : "Le défaut de production dans les délais prescrits [...] entraîne l'application, sur le montant des droits, d'une majoration de : / (...) c. 80 % en cas de découverte d'une activité occulte".
Cette disposition souligne l'obligation des contribuables de déclarer leur activité, ce qui, en l'espèce, ne fut pas respecté par M. A...
2. Appréciation des circonstances : Le Conseil d'État a pris en compte que la jurisprudence avait évolué depuis les années concernées, affirmant que "ce n’est que postérieurement aux années 2010 et 2011" que les gains issus du poker ont été considérés comme imposables. Cela témoigne d'une reconnaissance des transitions juridiques qui peuvent affecter la compréhension des obligations déclaratives des contribuables.
En résumé, le Conseil d'État a validé la décharge des majorations de 80 % sur le fondement d'une appréciation nuancée des circonstances ayant conduit à l'erreur déclarative de M. A..., tout en insistant sur la nécessité pour l'administration fiscale de prouver l'existence d'une activité occulte lorsque le contribuable formule une justification raisonnable.