Résumé de la décision
Dans cette affaire, des sociétés (Guintoli, Géotechnique travaux spéciaux et Alberti) ont contesté la décision de la Métropole Nice Côte d'Azur concernant la résiliation de leur contrat pour un motif d'intérêt général, demandant réparation pour le préjudice subi. La cour administrative d'appel de Marseille a écarté leurs prétentions, estimant qu'elles n'avaient pas prouvé l’existence d’un préjudice supérieur à l’indemnité due au titre de sujétions imprévues causées par un éboulement. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour pour erreur de droit sur deux points : l’appréciation du préjudice et la notification de l’arrêt à la société Géotechnique travaux spéciaux. Il a renvoyé l’affaire à la cour administrative d’appel tout en ordonnant que la Métropole paye des frais aux sociétés requérantes.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit sur l'évaluation du préjudice : La cour d'appel a commis une erreur en considérant que le préjudice découlant des sujétions imprévues était identique au manque à gagner en raison de la résiliation du contrat. Le Conseil d'État a précisé que ces deux types de préjudice sont distincts. Cela est fondamental pour récupérer des dommages et intérêts, et les entreprises ont droit à indemnisation pour les sujétions imprévues, indépendamment de la perte de revenus.
Citation : « la cour administrative d'appel de Marseille a commis une erreur de droit... alors que le préjudice consécutif à des sujétions imprévues survenues lors de l'exécution de travaux est distinct du manque à gagner subi par l'entrepreneur. »
2. Notification inappropriée du jugement : Le Conseil d'État a également pointé que la notification du jugement de première instance à la société Géotechnique travaux spéciaux ne respectait pas les modalités prévues par le Code de justice administrative, ce qui a eu pour effet de ne pas faire courir le délai d'appel. Cela a des conséquences directes sur la recevabilité de leurs conclusions.
Citation : « il ne ressort pas des pièces du dossier que le jugement... aurait été notifié... par lettre recommandée... le délai d'appel n'a pas couru à son encontre. »
Interprétations et citations légales
1. Distinction des préjudices : Le Conseil d'État souligne l'importance de reconnaître la distinction entre différents types de préjudices, ici le manque à gagner dû à la résiliation et les sujétions imprévues. Ce point est fondamental pour garantir que les parties impliquées dans des contrats publics reçoivent une réparation juste.
- Code des marchés publics - Article non spécifié ici
2. Modalités de notification : L’article R. 751-3 du Code de justice administrative énonce les exigences de notification. La cour d'appel a omis de respecter ces exigences, ce qui invalide le procès concernant la société Géotechnique travaux spéciaux.
- Code de justice administrative - Article R. 751-3 : « Sauf disposition contraire, les décisions sont notifiées... par lettre recommandée avec demande d'avis de réception. »
3. Frais de justice : L'article L. 761-1 du Code de justice administrative est également cité pour justifier la décision du Conseil d'État d'allouer des frais de justice aux sociétés requérantes, reflétant le principe selon lequel la partie perdante doit contribuer aux frais.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : «...font obstacle à ce que soit mis à la charge des sociétés... le versement des sommes que demande... »
Dans l'ensemble, cette décision réaffirme des principes clés sur la protection des droits des parties dans les marchés publics et souligne l'importance de la procédure judiciaire dans le respect des règles de notification.