Résumé de la décision
La décision concerne M. A..., qui a été reconnu prioritaire pour un relogement par la commission de médiation de Paris. Malgré cette reconnaissance, il n'a pas été relogé dans les délais impartis par le code de la construction et de l'habitation. Après avoir sollicité une réparation pour le préjudice subi, le tribunal administratif a limité son indemnisation à la période antérieure au 28 octobre 2014, date à laquelle il a été hébergé dans un foyer de post-cure. En cassation, il a contesté cette limitation. La cour a annulé la décision du tribunal administratif concernant l'indemnisation après le 28 octobre 2014, considérant que la carence de l'État avait causé un préjudice continu à M. A..., qui demeurait dans une situation de précarité.
Arguments pertinents
1. Responsabilité de l'État : Il a été établi que l'État porte une responsabilité en cas de carence dans l'exécution d'une décision de la commission de médiation. La responsabilité ne se limite pas à la période avant l'hébergement au foyer, mais s'étend tant que la précarité persiste : "la carence fautive de l’État à exécuter cette décision dans le délai imparti engage sa responsabilité à l'égard du seul demandeur".
2. Situation continue de précarité : Le tribunal administratif a commis une erreur en n'attribuant pas le préjudice postérieur au 28 octobre 2014, étant donné que M. A... était encore dans une précarité due à l'hébergement temporaire. La décision souligne que "le préfet n’avait pas proposé un relogement [...] ce qui impliquait qu’il se trouvait toujours dans la situation qui avait motivé la décision".
Interprétations et citations légales
- Code de la construction et de l'habitation - Article L. 441-2-3 : Cet article stipule que toute personne reconnue prioritaire pour un relogement a le droit d'être logée rapidement. La carence de l'État à respecter cette obligation entraîne une responsabilité et un droit à réparation pour les troubles dans les conditions d'existence. L’interprétation ici repose sur le fait que la reconnaissance d'une situation prioritaire engage des obligations claires pour l'État.
- Code de la construction et de l'habitation - Article R. 441-16-1 : Ce texte fixe un délai pour l'offre de logement à partir de la décision de la commission. L'application de cet article renforce l'idée d'une obligation temporelle pour l'État qui, s'il manque à ce devoir, doit en assumer les conséquences.
- Loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 - Article 37 et Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Ces dispositions prévoient le versement d'une aide juridictionnelle à l'avocat de la partie ayant obtenu gain de cause. Cela souligne la reconnaissance du droit à une saine défense dans les cas de carence de l'État à garantir le droit au logement.
L'interprétation de ces textes doit se faire en tenant compte de l'engagement moral et légal de l'État dans la mise en œuvre de politiques de relogement, ainsi que de son devoir de protéger le droit des citoyens à un logement décent et stable.