Résumé de la décision
La décision concerne une requête introduite par Mme A..., fonctionnaire de police affecté dans la circonscription du Havre, demandant l'attribution d'un avantage spécifique d'ancienneté en vertu de l'article 11 de la loi n° 91-715 du 26 juillet 1991. Sa demande ayant été implicitement rejetée par le ministre de l'intérieur, elle a saisi le tribunal administratif de Rouen pour annuler cette décision. Le vice-président du tribunal a rejeté sa requête en se basant sur le fait que celle-ci posait des questions déjà tranchées par le Conseil d'Etat dans une précédente décision (n° 396786 du 15 mars 2017). Toutefois, le Conseil d'État a reconnu que les questions soulevées par Mme A... n'avaient pas été examinées dans la décision mentionnée, rendant ainsi l'ordonnance du tribunal irrégulière. Le Conseil d'État annule donc l'ordonnance du tribunal et renvoie l'affaire pour nouvel examen.
Arguments pertinents
1. Sur la compétence du tribunal : La décision du vice-président du tribunal administratif de Rouen, qui a rejeté la requête de Mme A..., s'appuyait sur l'argument qu'il s'agissait d'une question identique à celle déjà jugée par le Conseil d’État. Cependant, le Conseil d'État a constaté que les questions posées par Mme A... n'étaient pas les mêmes que celles tranchées dans l'arrêt précité, ce qui a conduit à une irrégularité dans l'ordonnance.
2. Droit à un avantage spécifique d'ancienneté : Mme A... a plaidé que la circonscription du Havre devait être considérée comme un "quartier urbain où se posent des problèmes sociaux et de sécurité particulièrement difficiles". Cela justifiait son droit à l'avantage d'ancienneté sollicité en vertu de la loi du 26 juillet 1991.
3. Conséquences de l'irrégularité : L'irrégularité de l'ordonnance a conduit à l'annulation de cette dernière et à un renvoi de l'affaire au tribunal administratif pour un nouvel examen, ouvrant la voie à une réévaluation de la demande de Mme A...
Interprétations et citations légales
- Loi n° 91-715 du 26 juillet 1991 - Article 11 :
"Les fonctionnaires de l'Etat et les militaires de la gendarmerie affectés pendant une durée fixée par décret en Conseil d'Etat dans un quartier urbain où se posent des problèmes sociaux et de sécurité particulièrement difficiles, ont droit, pour le calcul de l'ancienneté requise au titre de l'avancement d'échelon, à un avantage spécifique d'ancienneté dans des conditions fixées par ce même décret." Cette disposition est le fondement du droit que s'efforce d'établir Mme A... pour justifier sa demande.
- Décret n° 95-313 du 21 mars 1995 - Article 1er :
Cet article définit les conditions de désignation des quartiers concernés, stipulant que les quartiers doivent répondre à des critères spécifiques définis par arrêtés ministériels. La reconnaissance de la circonscription du Havre comme zone à problème pourrait donc être soumise à une évaluation concrète des conditions de sécurité et sociales.
- Code de justice administrative - Article R. 222-1 (6°) :
"Les présidents de tribunal administratif et de cour administrative d'appel ... statuent sur les requêtes relevant d'une série, qui, sans appeler de nouvelle appréciation ou qualification de faits, présentent à juger en droit, pour la juridiction saisie, des questions identiques." Le Conseil d'État a reconnu que les questions soulevées dans le cas de Mme A... n'étaient pas identiques à celles déjà tranchées, justifiant ainsi l'annulation de l'ordonnance du tribunal.
En somme, la décision du Conseil d'État souligne l'importance d'examiner les demandes sur la base d'une évaluation précise des règles applicables et des situations concrètes.