Résumé de la décision
Le Conseil d'État a statué sur les pourvois formés par la ministre des outre-mer et la société d'économie mixte d'aménagement de la Guadeloupe (SEMAG) contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Bordeaux. Cet arrêt avait annulé un arrêté de cessibilité concernant une parcelle appartenant à la société Galerie Boisneuf, considérée comme non nécessaire pour l'opération déclarée d'utilité publique relative à la résorption de l'habitat insalubre à Abymes. En conséquence, le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel et a renvoyé l'affaire pour nouvel examen.
Arguments pertinents
1. Contrôle de l'utilité publique : Le Conseil d'État rappelle le rôle du juge dans le contrôle de l'utilité publique des opérations d'expropriation. Il doit vérifier que l'opération a une finalité d'intérêt général, que l'expropriant ne peut pas réaliser l'opération sans expropriation, et que les atteintes à la propriété privée ne sont pas excessives par rapport à l'intérêt de l'opération. Le Conseil d'État a observé que la cour d'appel avait commis une erreur de droit en annulant l'arrêté sur la base de l'absence de nécessité pour l'expropriation de la parcelle spécifique, alors qu'il était nécessaire de vérifier simplement son rapport avec l'opération d'intérêt public.
2. Erreur de droit : Le Conseil d'État conclut que la cour administrative d'appel a fait une erreur en statuant qu'il n'y avait pas de nécessité d'expropriation pour la parcelle cadastrée section CY n°44, renforçant l'idée que le juge doit examiner l'inclusion de la parcelle dans le périmètre d'expropriation, et non son utilité opérationnelle directe.
Interprétations et citations légales
1. Code de l'expropriation pour cause d'utilité publique - Cet article sert de fondement à la question de l'utilité publique des projets d'expropriation. Le Conseil d'État fait référence à l'obligation de justifier que l'expropriation est le seul moyen d'atteindre un but d'intérêt général.
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article stipule que le juge peut condamner la partie perdante à verser une somme à l'autre partie pour compenser les frais de justice. Le Conseil d'État a ainsi décidé de mettre à la charge de la société Galerie Boisneuf la somme de 3 000 euros au titre de cet article, indiquant que cette décision vise à couvrir les frais engagés par la SEMAG en raison du litige.
Citations immédiates des passages pertinents :
- Sur le contrôle de l'utilité publique : "Il appartient au juge, lorsqu'il se prononce sur le caractère d'utilité publique d'une opération nécessitant l'expropriation [...] de contrôler successivement qu'elle répond à une finalité d'intérêt général."
- Sur l'erreur de droit : "En statuant ainsi, alors qu'il lui appartenait seulement de vérifier que l'inclusion de cette parcelle dans le périmètre d'expropriation n'était pas sans rapport avec l'opération déclarée d'utilité publique, la cour a commis une erreur de droit."
Ces éléments mettent en lumière l'importance du cadre légal régissant les procédures d'expropriation et le rôle crucial du juge administratif dans l'évaluation de l'utilité publique des projets.