Résumé de la décision
La société Le Boléro a contesté la légalité de l'arrêt du 29 avril 2019 par lequel la cour administrative d'appel de Marseille a rejeté son appel contre le jugement du tribunal administratif de Montpellier du 8 novembre 2016. Ce dernier avait rejeté sa demande de réparation de 1 237 455 euros pour préjudices liés à la fermeture administrative illégale de deux débits de boisson exploités par ses locataires. La cour administrative d'appel a confirmé que la société n’avait pas établi de lien suffisamment direct entre la fermeture et le préjudice subi. En définitive, le Conseil d'État a rejeté le pourvoi de Le Boléro, considérant que les appréciations de la cour étaient justifiées.
Arguments pertinents
1. Absence de préjudice reconnu : La société Le Boléro soutenait que son statut de propriétaire des locaux devait impliquer une présomption de préjudice. Toutefois, le Conseil d'État a affirmé que "la cour n'a pas déduit l'absence de préjudice subi par elle de sa seule qualité de propriétaire des locaux". Cette affirmation souligne que le lien de causalité et la nature du préjudice sont des questions distinctes.
2. Évaluation des faits : Le Conseil a approuvé la conclusion de la cour administrative d'appel sur le fait que "le préjudice dont [la société] demandait réparation ne présentait pas un lien suffisamment direct avec la fermeture illégale des débits de boisson". De ce fait, la qualification des faits par la cour n'était pas erronée.
3. Appréciation souveraine : Concernant la question du préjudice moral, la cour a exercé une "appréciation souveraine", ce qui signifie qu'elle a la latitude d'interpréter les éléments de preuve sans que cette interprétation soit révisable par un juge supérieur tant qu'elle n'est pas manifestement dénaturée.
Interprétations et citations légales
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article dispose que l'État peut être condamné à verser une indemnité en cas de litige sur la légalité d'actes administratifs. Dans cette décision, les demandes au titre de cet article ont été rejetées, car le pourvoi lui-même a été jugé infondé.
- Sur le lien de causalité : La décision stipule que "la cour n'a pas déduit l'appréciation du caractère certain du lien de causalité entre l'acte fautif et le préjudice" uniquement de la nature indirecte du préjudice. Cela signale que, selon le droit administratif, la preuve d'un lien direct et certain est nécessaire pour établir la responsabilité de l'État.
- Sur l'appréciation souveraine : Le terme "appréciation souveraine" est important en droit administratif car il renforce la notion que les appréciations faites par les juges du fond ne peuvent être contestées que si elles montrent une incompréhension manifeste des faits.
Conclusion
Cette décision illustre la rigueur avec laquelle les tribunaux administratifs évaluent les demandes d'indemnité en rapport avec les actes administratifs. La nécessité d'établir un lien de causalité direct et certain entre l'acte fautif et le préjudice subi est primordiale dans ce type de contentieux, et la cour a correctement exercé son pouvoir de jugement en se basant sur une interprétation des faits et des preuves fournis par la partie requérante.