Résumé de la décision
Par un pourvoi enregistré le 8 août 2013, le ministre de l'intérieur a contesté un arrêt de la cour administrative d'appel de Versailles qui annulait un jugement du tribunal administratif de Versailles, ainsi que certaines dispositions d'un arrêté préfectoral déclaré d'utilité publique pour un projet de zone d'aménagement concerté à Achères. En date du 25 avril 2013, la cour a jugé que la parcelle appartenant à M. et Mme B... ne devait pas être incluse dans le périmètre d'expropriation. Le Conseil d'État a annulé cet arrêt, en concluant que la cour avait commis une erreur de droit en ne vérifiant pas correctement le rapport entre l'inclusion de la parcelle et l'opération d'utilité publique.
Arguments pertinents
1. Contrôle de l'utilité publique : Le Conseil d'État rappelle les conditions nécessaires à la déclaration d'utilité publique, stipulant que "le juge [...] doit contrôler successivement qu'elle répond à une finalité d'intérêt général" et vérifier que l'expropriation est réellement nécessaire. Il indique que la cour administrative d'appel a erré en estimant que l'opération pouvais être réalisée sans expropriation, ce qui ne relève pas de son rôle de contrôle.
2. Erreur de droit : Le Conseil constate que la cour administrative d'appel a commis une erreur de droit en évaluant la possibilité de réaliser les objectifs du projet sans l’expropriation de la parcelle plutôt qu’en se concentrant sur la pertinence de l’inclusion de la parcelle dans le périmètre d’expropriation. Cela souligne l'importance de respecter les critères définis par le juge en matière d'expropriation.
Interprétations et citations légales
Le Conseil d'État fait référence aux articles régissant la procédure d'expropriation et les principes de l'intérêt général. En particulier, il souligne l'importance de l'article L. 123-1 du Code de l'expropriation qui impose d'examiner si l'opération peut être réalisée sans recourir à l'expropriation. Le contrôle de l'utilité publique ne se limite pas seulement à l’intérêt général, mais doit également prendre en compte toutes les composantes de l'opération, comme le coût financier et les atteintes à la propriété privée.
- Code de l'expropriation - Article L. 123-1 : “L’expropriation ne peut être prononcée qu'en vue d'une finalité d'utilité publique qui ne peut être réalisée autrement.”
Le Conseil d'État rappelle que l'utilité publique doit être établie avec rigueur et que chaque parcelle doit être justifiée dans le cadre de la déclaration d'utilité publique, évitant ainsi des décisions arbitraires qui pourraient porter atteinte aux droits de propriété. En conséquence, il annule l’arrêt de la cour administrative d’appel et renvoie l’affaire pour réexamen, indiquant que cela était nécessaire en raison des erreurs de droit constatées.
Ces arguments et interprétations mettent en lumière les exigences strictes qui régissent la procédure d’expropriation en France et le rôle essentiel du juge pour assurer le respect de ces principes.