Résumé de la décision
La décision concerne une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) relative à l'article 53 de l'ordonnance du 19 septembre 1945, qui traite des sanctions disciplinaires applicables aux experts-comptables. La juridiction a été saisie d'une question sur la conformité de cet article à la Constitution, en particulier sur la disposition qui prévoit que le prononcé d'une nouvelle sanction disciplinaire pendant le délai d'épreuve entraîne automatiquement la révocation du sursis à l'exécution de la première sanction. La juridiction a décidé de renvoyer cette question au Conseil constitutionnel, considérant qu'elle soulève un caractère sérieux et porte atteinte au principe d'individualisation des peines.
Arguments pertinents
1. Applicabilité et conformité : La juridiction a constaté que les dispositions de l'article 53 de l'ordonnance n'avaient pas été déclarées conformes à la Constitution par le Conseil constitutionnel et qu'elles étaient applicables au litige. Cela répond à la condition d'applicabilité au sens de l'article 23-5 de l'ordonnance du 7 novembre 1958.
2. Caractère sérieux de la question : Le moyen soulevé, qui conteste la révocation automatique du sursis sans possibilité pour le juge disciplinaire de motiver une décision contraire, a été jugé sérieux. La décision souligne que cela pourrait porter atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution, notamment le principe d'individualisation des peines.
> "Le moyen tiré de ce que ces dispositions [...] porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution, et notamment au principe d'individualisation des peines, soulève une question présentant un caractère sérieux."
Interprétations et citations légales
1. Article 23-4 de l'ordonnance du 7 novembre 1958 : Cet article établit les conditions de saisine du Conseil constitutionnel pour une question de constitutionnalité. Il précise que la question doit être applicable au litige, non déjà déclarée conforme, et présenter un caractère sérieux.
> "Il résulte des dispositions de l'article 23-4 de l'ordonnance du 7 novembre 1958 [...] que la disposition contestée soit applicable au litige ou à la procédure [...] et que la question soit nouvelle ou présente un caractère sérieux."
2. Article 53 de l'ordonnance du 19 septembre 1945 : Cet article définit les sanctions disciplinaires applicables aux experts-comptables et les conditions de leur exécution, notamment la révocation automatique du sursis en cas de nouvelle infraction.
> "En dehors de l'avertissement [...] les peines disciplinaires sont : [...] La suspension pour une durée déterminée avec sursis ; [...] Si, dans le délai de cinq ans [...] celle-ci entraîne l'exécution de la première peine sans confusion avec la seconde."
3. Principes constitutionnels : La décision met en avant le principe d'individualisation des peines, qui est un fondement du droit pénal et disciplinaire, garantissant que chaque sanction soit adaptée aux circonstances et à la gravité des faits.
> "Le prononcé d'une nouvelle sanction disciplinaire [...] emporte révocation automatique du sursis à l'exécution de la première sanction [...] porte atteinte au principe d'individualisation des peines."
Cette analyse met en lumière les enjeux juridiques soulevés par la décision, ainsi que les implications potentielles sur le droit disciplinaire des experts-comptables en France.