Résumé de la décision
Dans cette affaire, M. A...D... et M. C... ont contesté un décret auprès du Conseil d'État, demandant son annulation pour excès de pouvoir et sollicitant la prise en charge des frais par l'État. Le Conseil d'État a examiné la recevabilité des requêtes et a noté que l'association Le grand barreau de France avait un intérêt suffisant pour intervenir. Sur le fond, le Conseil a estimé que les articles du décret contestés, qui augmentaient le montant maximal des amendes civiles, étaient conformes à la compétence du pouvoir réglementaire et n'enfreignaient pas le droit à un procès équitable. En conséquence, les requêtes ont été rejetées et aucune somme n'a été mise à la charge de l'État.
Arguments pertinents
1. Compétence réglementaire : Le décret attaqué ne diffère pas du projet soumis au Conseil d'État. Le Conseil a établi que le décret était conforme aux règles de procédure, celles-ci relevant de la compétence réglementaire, conformément aux articles 34 et 37 de la Constitution.
- Citation : « Les dispositions relatives à la procédure à suivre devant les juridictions relèvent de la compétence réglementaire dès lors qu'elles ne concernent pas la procédure pénale. »
2. Nature des amendes : Les amendes instituées dans le décret ont été considérées comme des mesures d'ordre public, visant la bonne administration de la justice et non comme des sanctions administratives au sens pénal.
- Citation : « Ces amendes... présentent le caractère de mesures d'ordre public que le juge peut prononcer d'office. »
3. Respect du droit au procès équitable : Les dispositions contestées n’entravent pas le droit des individus à soumettre leur cause à une juridiction, en conformité avec l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme.
- Citation : « Les dispositions contestées ne restreignent pas le droit reconnu à toute personne de soumettre sa cause à une juridiction. »
Interprétations et citations légales
1. Constitution - Article 34 et Article 37 : Ces articles confèrent au pouvoir réglementaire la compétence d'établir des règles relatives à la procédure civile, tant qu'elles n'empiètent pas sur des dispositions législatives fondamentales. Le Conseil a explicitement mentionné cette compétence et l’a appliquée à la prise du décret en question.
2. Déclaration des droits de l'homme et du citoyen - Article 8 : L’argument selon lequel les amendes violeraient le principe de légalité des délits et des peines a été rejeté, car les amendes en question ne sont pas considérées comme des sanctions pénales. Le Conseil a souligné que « les requérants ne peuvent utilement soutenir que les dispositions contestées méconnaîtraient le principe de légalité. »
3. Convention européenne des droits de l'homme - Article 6 : Cet article protège le droit à un procès équitable. Le Conseil a confirmé que les nouvelles dispositions concernant les amendes ne portaient aucune atteinte à ce droit, ayant ainsi rejeté la contestation sur ce point.
En résumé, le Conseil d'État a validé tant la forme que le fond du décret attaqué, en confirmant que les augmentations d'amendes étaient appropriées et conformes aux principes réglant la procédure devant les juridictions. Les requérants ont donc été déboutés, et aucune indemnité n'a été allouée à leur charge.