Résumé de la décision
La décision porte sur un recours de la commune de Levallois-Perret contre un arrêt n° 11VE03070 rendu par la cour administrative d'appel de Versailles le 19 novembre 2013. Cette décision annulait un arrêté préfectoral du 16 février 2007 déclarant d'utilité publique un projet de logements sociaux et prononçant la cessibilité de certaines parcelles. Initialement, le tribunal administratif de Versailles avait rejeté la demande des consorts A... et D... visant à annuler cet arrêté. Toutefois, le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel, renvoyant l'affaire pour jugement. La cour a commis une erreur de droit en se basant sur une décision antérieure annulée par le Conseil d'État. L'arrêt contesté a donc été annulé, et l'affaire est renvoyée devant la cour administrative d'appel de Versailles.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit commise par la cour administrative d'appel :
La cour a fondé son arrêt sur le raisonnement d'un arrêt antérieur (24 juin 2010) qui avait déjà été annulé par le Conseil d'État. La décision du Conseil a revêtu une autorité absolue, rendant ainsi inopérante la base légale précitée. Cette approche a été qualifiée d'erreur de droit justifiant l'annulation de l'arrêt.
> "la cour a commis une erreur de droit ; que la commune de Levallois-Perret est fondée pour ce motif, qui est né de l'arrêt attaqué, à demander son annulation."
2. Absence de mise à charge des frais :
Le Conseil d'État a décidé qu'il n'était pas nécessaire de condamner les consorts A... et D... aux dépens, car la commune de Levallois-Perret, bien qu'ayant formé un pourvoi, n'était pas la partie perdante dans cette instance.
> "il n'y a pas lieu, dans les circonstances de l'espèce, de mettre à la charge de M. A... et autres la somme demandée par la commune de Levallois-Perret."
Interprétations et citations légales
1. Sur l'autorité de la chose jugée :
Le Conseil d'État souligne que les décisions du juge de cassation, telles que celles qui annulent ou modifient des décisions antérieures, portent un caractère absolu en matière d’autorité de la chose jugée. Cette spécificité se trouve dans le cadre du contentieux administratif, ce qui est crucial pour bien distinguer les effets des décisions de justice.
> "les décisions prises par le juge de cassation ne sont revêtues que de l'autorité relative de la chose jugée, il en va autrement lorsque le juge de cassation annule une décision juridictionnelle elle-même revêtue de l'autorité absolue de la chose jugée."
2. Sur la gestion des frais de justice :
Les modalités d'application de l'article L. 761-1 du code de justice administrative, qui régit les frais exposés dans le cadre du procès administratif, affirment qu'une partie non perdante ne peut pas être condamnée à payer des frais, une règle qui assure l'équité entre les parties.
> "ces dispositions font obstacle à ce qu'une somme soit mise à ce titre à la charge de la commune de Levallois-Perret qui n'est pas, dans la présente instance, la partie perdante."
Conclusion
Cette décision illustre la rigueur avec laquelle le Conseil d'État veille à respecter les principes fondamentaux du droit administratif, notamment l'autorité de la chose jugée et la gestion des coûts procéduraux. L'erreur de la cour administrative d'appel est un rappel important de la nécessité d'une analyse précise des décisions antérieures dans le cadre de contentieux complexes.