Résumé de la décision
La collectivité territoriale de Guyane a demandé au Conseil d'État de liquider provisoirement une astreinte prononcée contre l'État à raison d'une inexécution d'une obligation réglementaire liée à la publication d'un décret, avec un montant fixé à 5 000 euros par jour depuis le 1er janvier 2016. En réponse, le ministre de la transition écologique et solidaire a soutenu que l'injonction avait été exécutée avec la publication d'un décret le 4 février 2018. Le Conseil d'État a jugé que l'astreinte avait commencé à courir le 28 octobre 2016 et a décidé de liquider l'astreinte pour un montant total de 500 000 euros en faveur de la collectivité territoriale de Guyane.
Arguments pertinents
1. Inexécution de l'injonction : Le Conseil d'État a noté que l'astreinte a été instaurée parce que l'État n'avait pas respecté le délai fixé pour l'exécution de l'injonction de publier le décret prévu par l'article L. 611-33 du code minier. Selon le juge, l'exécution de l'injonction est considérée comme tardive, ayant eu lieu après la date limite.
2. Liquidation de l'astreinte : Il est stipulé dans l'article L. 911-7 du code de justice administrative que la juridiction doit procéder à la liquidation des astreintes en cas d'inexécution : "En cas d'inexécution totale ou partielle ou d'exécution tardive, la juridiction procède à la liquidation de l'astreinte qu'elle avait prononcée."
3. Modération de l'astreinte : Malgré l'inexécution constatée, le Conseil d'État a décidé de modérer le montant de l'astreinte à 500 000 euros en tenant compte des circonstances particulières de l'affaire, notamment des diligences effectuées par l'État.
Interprétations et citations légales
- Article L. 911-7 du code de justice administrative : Cet article précise que "Sauf s'il est établi que l'inexécution de la décision provient d'un cas fortuit ou de force majeure, la juridiction ne peut modifier le taux de l'astreinte définitive lors de sa liquidation." Cela implique que l'astreinte, en principe fixe, peut se voir modérée par le juge, ce qui a été fait dans cette décision au regard de la situation (diligences de l'État).
- Article L. 611-33 du code minier : Ce dispositif impose à l'État de prendre des mesures réglementaires relatives à l'exploitation minière, dont le non-respect a conduit à l'astreinte. La matérialisation de l'ordre judiciaire est essentielle pour garantir l'effectivité des normes environnementales.
La décision du Conseil d'État illustre donc l'importance de la mise en œuvre des obligations réglementaires par l'État tout en permettant une appréciation nuancée lors de la gestion des sanctions financières pour inexécution.