Résumé de la décision
L'État d'Ukraine a demandé au Conseil d'État d'annuler la décision implicite du Premier ministre refusant d'abroger des dispositions du Code de procédure civile qui permettent à un défendeur de demander la radiation d'un pourvoi d'État étranger contre une sentence arbitrale, dans le cas où le demandeur ne justifie pas l'exécution de la décision attaquée. La décision du Conseil d'État a rejeté la requête de l'État d'Ukraine, affirmant que ces dispositions ne violent pas les règles de droit public international relatives à l'immunité d'exécution.
Arguments pertinents
1. Sur l'immunité d'exécution : Le Conseil d'État a établi que les dispositions de l'article 1009-1 du Code de procédure civile n'entraînent pas d'exécution forcée de la décision contestée. Par conséquent, les arguments invoquant une violation de l'immunité d'exécution au regard des conventions internationales, notamment celles de l'ONU, ne sont pas fondés.
- « Une telle mesure ne constitue ni ne permet, par elle-même, une exécution forcée de cette décision juridictionnelle. »
2. Sur l'absence d'erreur manifeste d'appréciation : Le Conseil d'État a jugé que le refus d'abrogation crucial n'entraînait pas d'erreur manifeste d'appréciation, même si cela promettait une réciprocité dans les procédures devant les juridictions étrangères, ni n'affectait l'attractivité de la France concernant l'arbitrage international.
Interprétations et citations légales
- Code de procédure civile - Article 1009-1 : Ce texte confère au premier président de la Cour de cassation la faculté de subordonner l'exercice du recours en cassation à la justification de l'exécution de la décision attaquée, précisant que cette mesure n'impose pas une exécution forcée.
- « … la radiation d'une affaire lorsque le demandeur ne justifie pas avoir exécuté la décision frappée de pourvoi, à moins qu'il ne lui apparaisse que l'exécution serait de nature à entraîner des conséquences manifestement excessives… »
- Convention des Nations Unies - Articles 18 et 24 : Il est souligné que les règles coutumières du droit international protègent les États de l'exécution forcée à leur encontre. Cette protection peut être confrontée à des pratiques procédurales de la part d'autres États, ce qui peut parfois entraîner des situations de réciprocité.
Le Conseil d'État, dans son analyse, a donc affirmé que l'État d'Ukraine ne peut pas soutenir que les dispositions contestées violent ses droits sans démontrer une erreur manifeste d’appréciation, consolidant l'autorité du droit interne par rapport à des normes internationales lorsque celles-ci n'interfèrent pas directement avec des immunités souveraines.