Résumé de la décision
La décision concerne le cas de M. B... A..., qui a bénéficié d'une pension de réversion après le décès de son épouse, C... F.... Après son remariage en 2005, le ministre de l'économie a annulé cette pension en 2017, entraînant un recouvrement de 92 511 euros pour les sommes versées indûment. Mme E... D..., son épouse au moment de son décès, a contesté ce recouvrement devant le tribunal administratif de Caen, qui a partiellement annulé le titre de perception en invoquant la prescription. Le ministre a alors formé un pourvoi en cassation, qui a été accueilli, entraînant l'annulation du jugement du tribunal administratif.
Arguments pertinents
1. Information de l'administration : Le tribunal a estimé que M. A... avait informé l'administration de son remariage, ce qui aurait permis à Mme A... de bénéficier de la prescription prévue par l'article L. 93 du code des pensions civiles et militaires de retraite. Cependant, le ministre a contesté cette interprétation, arguant que la transmission d'informations par des organismes privés (comme la mutuelle des douanes) ne suffisait pas à informer le service des retraites de l'État.
2. Dénaturation des faits : Le ministre a soutenu que le tribunal administratif avait dénaturé les faits en considérant que M. A... avait correctement informé l'administration. En réalité, il n'appartenait pas aux organismes privés de transmettre ces informations, ce qui a conduit à une mauvaise appréciation de la situation.
Interprétations et citations légales
1. Article L. 46 du code des pensions civiles et militaires de retraite : Cet article stipule que "le conjoint survivant ou le conjoint divorcé, qui contracte un nouveau mariage ou vit en état de concubinage notoire, perd son droit à pension". Cela établit clairement que le remariage de M. A... entraînait la perte de son droit à la pension de réversion.
2. Article L. 93 du même code : Cet article précise que "sauf le cas de fraude, omission, déclaration inexacte ou de mauvaise foi de la part du bénéficiaire, la restitution des sommes payées indûment... ne peut être exigée que pour celles de ces sommes correspondant aux arrérages afférents à l'année au cours de laquelle le trop-perçu a été constaté et aux trois années antérieures". Cela introduit la notion de prescription, qui a été au cœur du litige.
3. Interprétation des obligations d'information : Le tribunal a considéré que M. A... avait rempli son obligation d'informer l'administration, mais le ministre a fait valoir que cette interprétation était erronée. En effet, la responsabilité de la transmission des informations concernant le changement de situation matrimoniale incombe à l'individu et non aux organismes privés. Cela soulève des questions sur la portée des obligations d'information et la responsabilité des différents acteurs dans le système de retraite.
En conclusion, la décision met en lumière les enjeux liés à l'information des administrations publiques et à la responsabilité des bénéficiaires de pensions, tout en soulignant l'importance de la prescription dans le recouvrement des sommes indûment perçues.