Résumé de la décision
La collectivité territoriale de Corse a conclu un marché public de travaux avec un groupement d'entreprises, mais la société Vendasi, qui s'estime évincée de la procédure, a contesté cette attribution devant le tribunal administratif. Après un jugement défavorable, la cour administrative d'appel de Marseille a annulé le jugement et le marché, ordonnant une expertise pour évaluer le préjudice subi par Vendasi. La collectivité a alors formé un pourvoi en cassation, qui a été rejeté. La cour a également condamné la collectivité à verser 3 000 euros à la société Vendasi au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Incomplétude de l'offre : La cour a jugé que l'offre du groupement Raffalli et Pompéani était incomplète car elle ne contenait pas certaines informations essentielles, notamment sur les matériaux utilisés. La cour a précisé que "la communication de ces éléments relatifs au contenu des offres était prescrite par le règlement de la consultation", ce qui a conduit à l'irrégularité de l'offre.
2. Obligation d'élimination des offres irrégulières : La décision souligne que le pouvoir adjudicateur est tenu d'éliminer les offres incomplètes sans en apprécier la valeur, conformément aux prescriptions du règlement de la consultation. Cela est en accord avec le principe selon lequel "un pouvoir adjudicateur ne peut attribuer un marché à un candidat qui ne respecterait pas une des prescriptions imposées par le règlement de la consultation".
Interprétations et citations légales
1. Code des marchés publics : L'article pertinent stipule que les offres doivent être complètes et conformes aux exigences du règlement de la consultation. La cour a interprété que la production d'informations sur la qualité des matériaux était une exigence nécessaire, et son absence entraînait l'irrégularité de l'offre. Cela est en ligne avec le principe selon lequel "il est tenu d'éliminer, sans en apprécier la valeur, les offres incomplètes".
2. Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article prévoit que la partie perdante doit supporter les frais de justice. Dans ce cas, la collectivité territoriale de Corse, ayant perdu son pourvoi, a été condamnée à verser des frais à la société Vendasi. La cour a précisé que "les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce que soit mis à la charge de la société Vendasi, qui n'est pas la partie perdante, le versement des sommes que demande la collectivité territoriale de Corse".
En conclusion, la décision met en lumière l'importance de la conformité des offres aux exigences des règlements de consultation dans le cadre des marchés publics, ainsi que les conséquences financières pour la partie perdante dans le cadre des litiges administratifs.