Résumé de la décision
La décision concerne la contestation par l'association professionnelle nationale de militaires "APNM Commissariat" d'un décret du 19 septembre 2017, qui modifie les dispositions statutaires applicables à certains corps militaires d'officiers. Ce décret crée une classe fonctionnelle pour les titulaires du grade de commandant, précisant que seuls les officiers à partir du grade de lieutenant-colonel peuvent exercer certaines fonctions supérieures. Le tribunal a rejeté la requête de l'association, considérant que le décret avait été adopté selon les règles légales en vigueur et que les dispositions contestées ne créaient pas de rupture d'égalité.
Arguments pertinents
1. Légalité externe : La cour a souligné que le Conseil supérieur de la fonction militaire (CSFM) avait été consulté sur le projet du décret. Bien que des modifications aient été apportées au projet initial, celles-ci n'ont pas soulevé de questions nouvelles nécessitant une nouvelle consultation. En effet, la distinction finale entre les offi- ciers supérieurs et commandants n'a pas modifié l'équilibre général du dispositif, validant ainsi la procédure de consultation initiale.
Citation pertinente : "l'organisme dont une disposition législative ou réglementaire prévoit la consultation [...] doit être mis à même d'exprimer son avis sur l'ensemble des questions soulevées."
2. Légalité interne : Concernant la contestation de la rupture d'égalité, la cour a noté que les dispositions modifient uniquement les règles statutaires au sein des corps régis sans édicter des normes générales. Les différences entre les catégories d'officiers justifient également la décision réglementaire de ne pas permettre aux officiers subalternes d'exercer certaines fonctions.
Citation pertinente : "Eu égard aux différences objectives existant entre chaque catégorie d'officiers [...] le pouvoir réglementaire n'a pas, en prévoyant que les officiers subalternes n'ont pas vocation à exercer des fonctions supérieures, commis une erreur manifeste d'appréciation."
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, plusieurs articles du Code de la défense et du Code de justice administrative sont interprétés et appliqués :
- Code de la défense - Article L. 4124-1 : Cet article établit le rôle du CSFM dans l'examen de la condition des militaires et la consultation obligatoire pour les projets de décrets ayant une portée statutaire. Ceci justifie la procédure suivie lors de l'adoption du décret litigieux.
Citation juridique : "Le Conseil supérieur de la fonction militaire exprime son avis sur les questions de caractère général relatives à la condition militaire."
- Code de la défense - Article R. 4124-1 : Cet article précise que le CSFM est consulté sur des projets de décrets portant sur le statut particulier des militaires. Cela renforce l'argument selon lequel la consultation a eu lieu de manière adéquate.
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Prévoit que l'État ne sera pas tenu de payer des frais en cas de perte, ce qui est utilisé ici pour justifier le rejet de la demande de l'APNM Commissariat de voir l'État condamné à payer des frais.
Citation juridique : "Les dispositions de l'article L. 761-1 du code de justice administrative font obstacle à ce qu'une somme soit mise [...] à la charge de l'Etat."
Ainsi, la décision met en avant le respect des procédures légales en matière de statut militaire tout en appliquant les principes d'égalité et de proportionnalité dans le cadre des différents corps d'officiers.