Résumé de la décision
La décision concerne le recours de Mme A..., capitaine de gendarmerie, contre une sanction disciplinaire de dix jours d'arrêts, prononcée par le commandant en second de la région de gendarmerie de Basse-Normandie le 16 avril 2018. Cette sanction était fondée sur le motif que Mme A... n'avait pas respecté les attentes de sa hiérarchie dans la réalisation d'une étude sur la réserve citoyenne. Toutefois, le tribunal a annulé la sanction, considérant que les faits reprochés ne constituaient pas une faute suffisante pour justifier une telle mesure. Par conséquent, le tribunal a ordonné la suppression de toute mention de cette sanction dans le dossier de Mme A... et a condamné l’État à verser 3 000 euros à Mme A... au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.
Arguments pertinents
1. Établissement des faits : Le tribunal a rappelé que, dans le cadre de la sanction disciplinaire, il était nécessaire de vérifier la matérialité des faits reprochés et leur qualification en tant que fautes. Le jugement stipule : « il appartient au juge de l'excès de pouvoir […] de rechercher si les faits reprochés à un agent public ayant fait l'objet d'une sanction disciplinaire sont établis, s'ils constituent une faute… ».
2. Caractère insuffisant des éléments : Le tribunal a noté que la seule insuffisance professionnelle mentionnée n'était pas suffisante pour justifier une sanction, sans éléments supplémentaires caractérisant un manquement aux obligations de l'état militaire. Ainsi, il a conclu : « Si un tel motif est de nature à révéler, de la part de l’intéressée, une insuffisance professionnelle, il n'est pas à lui seul […] de nature à justifier une sanction disciplinaire. »
3. Requêtes subséquentes : Après avoir annulé la sanction, le tribunal a prononcé une injonction à la ministre des Armées pour qu'elle supprime toute mention de la sanction dans le dossier de Mme A..., statuant sur la nécessité de maintenir l’intégrité de son dossier militaire : « Il y a lieu d’enjoindre à la ministre des armées de procéder à la suppression dans le dossier de Mme A... de toute mention de la décision de sanction du 16 avril 2018. »
Interprétations et citations légales
Dans cette décision, les textes de loi appliqués comprennent notamment :
- Code de justice administrative - Article L. 761-1 : Cet article prévoit que l'État peut être condamné à verser une somme à un justiciable, au titre des frais exposés pour la procédure. La décision a ainsi affirmé que : « L’État versera à Mme A... la somme de 3 000 euros au titre de l'article L. 761-1 du code de justice administrative. »
- Code de la défense : Les obligations des militaires et des gendarmes, en particulier dans le cadre de leurs fonctions et de l'exercice de leur pouvoir disciplinaire, sont également couvertes par les textes du code de la défense. Le tribunal a examiné si les manquements imputés à Mme A... s'inscrivaient dans cette législation et a conclu à l’insuffisance de base pour une sanction.
Cette décision met en lumière l'importance de la proportionnalité des sanctions dans le cadre disciplinaire militaire, et démontre que l'insuffisance de travail, sans d'autres circonstances aggravantes, ne peut justifier une sanction telle qu'elle a été infligée à Mme A....