Résumé de la décision
La commune de Bouvines a confié à la société Entreprise Georges Cazeaux un marché pour des travaux de restauration de l'église Saint-Pierre. En raison de retards d'exécution importants, la commune a résilié le contrat. La société, représentée par son liquidateur Me B..., a contesté cette résiliation et demandé des indemnités. Le tribunal administratif a rejeté ces demandes, et cet arrêt a été confirmé par la cour administrative d'appel de Douai. Me B... a ensuite formé un pourvoi en cassation, qui a été rejeté par le Conseil d'État. En outre, la commune a obtenu une condamnation à des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Retard d'exécution : La décision de résiliation du contrat par la commune était justifiée par le retard d'exécution de neuf mois, dépassant de près du double le délai contractuel. La cour a considéré que ce retard pouvait compromettre l'objectif de la commune d'achever les travaux avant une commémoration importante.
- "un tel retard, s'il se prolongeait, était de nature à remettre en cause l'objectif de la commune d'achever la restauration de l'église avant la commémoration des 800 ans de la bataille de Bouvines en juillet 2014".
2. Indemnisation pour travaux supplémentaires : La cour a rejeté la demande d'indemnisation au titre de travaux supplémentaires, en notant que la société n'avait pas fourni de preuves suffisantes sur la nature de ces travaux, qui relevaient principalement de ses propres négligences.
- "la cour administrative d'appel de Douai... n'a pas dénaturé... les faits ni les pièces du dossier".
3. Inadmissibilité d'un moyen en cassation : Un des moyens soulevés par Me B... n'avait pas été présenté devant la cour d'appel, ce qui a conduit à son irrecevabilité en cassation.
- "Ce moyen, nouveau en cassation, pour contester le bien-fondé de l'arrêt... ne peut utilement être soulevé."
Interprétations et citations légales
La décision repose sur plusieurs textes de loi appliqués dans le cadre de la résiliation des marchés publics et des règles de la procédure administrative :
1. Retards et résiliation des marchés : Selon le Code des marchés publics, un retard significatif dans l'exécution d'un contrat constitue un motif valable pour la résiliation de celui-ci. Ainsi, la cour a estimé que le retard de la société était en infraction avec les obligations contractuelles.
2. Article L. 761-1 du code de justice administrative : Cet article stipule que les frais exposés par une partie peuvent être remboursés si cette partie est perdante. Ici, la commune n'étant pas la partie perdante, il a été décidé de condamner Me B... à verser une somme à la commune.
- "Les dispositions de l'article L. 761-1... font obstacle à ce qu'une somme soit mise à ce titre à la charge de la commune."
Cette décision illustre la rigueur des juridictions administratives dans l'application des obligations contractuelles entre les communes et leurs cocontractants, ainsi que l'importance de la preuve dans la demande d'indemnisation.