Résumé de la décision
La décision concerne un pourvoi en cassation de Bordeaux Métropole contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Bordeaux. Bordeaux Métropole conteste la décision de la cour qui a refusé d'engager la responsabilité des constructeurs pour des désordres survenus dans un ouvrage. Le Conseil d'État a admis le pourvoi en ce qui concerne les conclusions dirigées contre les maîtres d'œuvre sur le fondement de leur responsabilité contractuelle, mais a rejeté le surplus des conclusions.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit sur la responsabilité des constructeurs : Bordeaux Métropole soutient que la cour a commis une erreur en subordonnant l'engagement de la responsabilité des constructeurs à la condition que les désordres soient de nature générale et permanente. Le Conseil d'État a reconnu que ce point méritait d'être examiné.
2. Dénaturation des faits : La métropole argue que la cour a dénaturé les faits en estimant qu'elle ne justifiait pas le caractère évolutif des désordres. Le Conseil d'État a noté que cette question n'a pas été suffisamment étayée pour justifier l'admission du pourvoi.
3. Responsabilité décennale : Bordeaux Métropole conteste que la mise en œuvre de la responsabilité décennale soit subordonnée à la preuve d'un incident concret. Le Conseil d'État a jugé que ce moyen n'était pas fondé.
4. Connaissance des vices par les maîtres d'œuvre : La métropole a également soutenu que la cour n'a pas vérifié si les maîtres d'œuvre auraient pu avoir connaissance des vices s'ils avaient respecté les règles de l'art. Le Conseil d'État a admis que ce point méritait d'être examiné.
Interprétations et citations légales
1. Code de justice administrative - Article L. 822-1 : Cet article stipule que "Le pourvoi en cassation devant le Conseil d'Etat fait l'objet d'une procédure préalable d'admission." Cela signifie que le Conseil d'État doit d'abord évaluer la recevabilité du pourvoi avant d'examiner le fond.
2. Responsabilité des constructeurs : La décision souligne que la responsabilité des constructeurs ne peut être engagée que si les désordres sont de nature à affecter la solidité de l'ouvrage ou à le rendre impropre à sa destination, ce qui n'a pas été prouvé dans le cas présent.
3. Dénaturation des faits : Le Conseil d'État a rappelé que la dénaturation des faits est une erreur de droit qui peut justifier l'admission d'un pourvoi. Cependant, il a également précisé que les moyens soulevés par Bordeaux Métropole n'étaient pas suffisamment sérieux pour justifier l'admission du surplus des conclusions.
En conclusion, le Conseil d'État a admis le pourvoi de Bordeaux Métropole uniquement en ce qui concerne les maîtres d'œuvre, tout en rejetant les autres moyens soulevés, soulignant ainsi l'importance de la preuve et de la qualification des désordres dans le cadre de la responsabilité décennale.