Résumé de la décision
La décision concerne une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par la société Prato Corbara devant le tribunal administratif de Bastia. Cette société conteste la conformité à la Constitution des termes "le capital des sociétés doit être entièrement libéré" figurant dans le 1° du I de l'article 244 quater E du code général des impôts. Le Conseil d'État, après avoir examiné les conditions de recevabilité de la QPC, a décidé de renvoyer cette question au Conseil constitutionnel, considérant qu'elle présente un caractère sérieux et qu'elle n'a pas encore été examinée par le Conseil constitutionnel.
Arguments pertinents
1. Applicabilité au litige : Le Conseil d'État a confirmé que la disposition contestée est applicable au litige en cours, ce qui est une condition préalable pour la transmission de la QPC.
2. Absence de décision antérieure : Il a été établi que la disposition en question n'a pas été déclarée conforme à la Constitution dans une décision antérieure du Conseil constitutionnel, ce qui permet de soulever la question.
3. Caractère sérieux de la question : Le moyen soulevé par la société Prato Corbara, qui argue que les termes contestés portent atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution, notamment les principes d'égalité devant la loi et d'égalité devant les charges publiques, a été jugé sérieux. Le Conseil d'État a noté que cette question mérite d'être examinée par le Conseil constitutionnel.
Interprétations et citations légales
1. Conditions de recevabilité de la QPC : Selon l'article 23-4 de l'ordonnance du 7 novembre 1958, le Conseil constitutionnel est saisi d'une question de constitutionnalité si trois conditions sont remplies :
- La disposition contestée doit être applicable au litige.
- Elle ne doit pas avoir été déclarée conforme à la Constitution dans une décision antérieure, sauf changement des circonstances.
- La question doit être nouvelle ou présenter un caractère sérieux.
2. Dispositions contestées : L'article 244 quater E du code général des impôts stipule que "le capital des sociétés doit être entièrement libéré". Cette exigence est critiquée pour son impact potentiel sur l'égalité devant la loi et les charges publiques, ce qui soulève des interrogations sur sa conformité constitutionnelle.
3. Principes constitutionnels : Les principes d'égalité devant la loi et d'égalité devant les charges publiques sont des fondements importants du droit constitutionnel français, et leur protection est essentielle pour garantir un traitement équitable des entreprises.
En conclusion, la décision du Conseil d'État de renvoyer la question au Conseil constitutionnel souligne l'importance de la conformité des dispositions fiscales aux principes constitutionnels, en particulier dans le contexte des petites et moyennes entreprises.