Résumé de la décision
Dans cette affaire, l'entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) Cabinet Patrick B..., dont M. B... était l'unique associé, a fait l'objet d'une vérification comptable par l'administration fiscale. Cette vérification a révélé que M. B... avait distribué une somme de 120 000 euros issue de l'entreprise, alors que le procès-verbal d'assemblée générale n'en mentionnait que 60 000 euros. En conséquence, l'administration a remis en cause l'application de l'abattement de 40 % sur cette distribution, ce qui a conduit à l'imposition d'une cotisation supplémentaire d'impôt sur le revenu pour l'année 2007. Le ministre de l'action et des comptes publics a formé un pourvoi en cassation contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Marseille qui avait rejeté son appel, confirmant que la distribution, bien que partiellement non consignée dans le procès-verbal, n'était pas irrégulière. La décision a finalement été confirmée, avec le rejet du pourvoi et une condamnation de l'État à verser 3 000 euros à Mme B... pour ses frais.
Arguments pertinents
1. Validité du procès-verbal et décision de distribution : La cour a relevé que la seule absence d'une mention intégrale des 120 000 euros dans le procès-verbal d'assemblée générale ne suffit pas à remettre en cause le caractère régulier de la distribution des dividendes. Selon la cour, "une telle circonstance ne permettait, par elle-même, de regarder la distribution, au sens et pour l'application de ces dispositions, ni comme n'ayant pas été décidée par l'organe compétent de la société, ni comme entachée de fraude".
2. Application des dispositions fiscales : La cour a jugé que, conformément au Code général des impôts, la régularité d'une distribution de dividendes se fonde sur les décisions adoptées par l'organe compétent et non seulement sur la forme écrite. La décision de distribution devait être considérée comme valide car elle ne contrevenait à aucune règle permettant la répartition des bénéfices.
Interprétations et citations légales
1. Interprétation des décisions d'assemblée générale : L'article L. 223-31 du Code du commerce précise que "dans les sociétés ne comportant qu'un seul associé, les décisions prises par l'associé unique, en lieu et place de l'assemblée générale, sont répertoriées dans un registre." Cela signifie que pour les EURL, les décisions peuvent être prises en dehors d'une assemblée formelle, ce qui est crucial pour la validité des décisions de distribution.
2. Régularité des distributions selon le Code général des impôts : Selon le 2° du 3 de l'article 158 du Code général des impôts, "les revenus de capitaux mobiliers distribués par les sociétés passibles de l'impôt sur les sociétés [...] sont retenus, pour le calcul de l'impôt sur le revenu, pour 60 % de leur montant." Pour que la distribution soit considérée comme irrégulière, elle doit être le résultat d'une fraude ou ne pas être décidée par l'organe compétent, ce qui n'était pas le cas ici. La cour a judicieusement statué que "la seule circonstance que la décision de distribution en litige n'avait pas été... consignée" ne sapait pas cette régularité.
En conclusion, la décision se base sur le respect des formes juridiques et de la forme d'une distribution de dividendes au sein d'une EURL, confirmant ainsi la validité de la décision de l'associé unique malgré les non-conformités formelles.