Résumé de la décision
La décision concerne une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soulevée par M. et Mme B... relative à l'article 150-0 D du code général des impôts, en particulier sur ses dispositions 1 ter et 1 quater en lien avec l'imposition des plus-values de cession de valeurs mobilières. La loi de finances pour 2014 a modifié le régime fiscal applicable à ces plus-values, introduisant des abattements selon la durée de détention. Les requérants contestent le fait que ces abattements ne soient pas applicables aux plus-values réalisées avant le 1er janvier 2013, en report d'imposition. Le Conseil d'État a décidé de renvoyer la question relative aux dispositions 1 ter et 1 quater au Conseil constitutionnel, jugeant que cette question présente un caractère sérieux, tandis qu'il a écarté le renvoi concernant le 1 de l'article 150-0 D, déjà déclaré conforme à la Constitution.
Arguments pertinents
Les arguments principaux de la décision sont les suivants :
1. Applicabilité au litige : Les dispositions contestées (1 ter et 1 quater de l'article 150-0 D du code général des impôts) s'appliquent à la situation des requérants, car elles régissent l'imposition des plus-values de cession.
2. Conformité antérieure à la Constitution : La disposition 1 de l'article 150-0 D a déjà été examinée par le Conseil constitutionnel (décision n° 2012-662 DC) et déclarée conforme à la Constitution, ce qui justifie le rejet de la QPC concernant cette disposition.
3. Caractère sérieux de la question soulevée : Le Conseil d'État estime que le moyen selon lequel les abattements prévus ne s’appliquent pas aux plus-values en report d’imposition pourrait constituer une atteinte aux droits garantis par la Constitution. La question des droits et libertés, notamment en référence à l'article 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, est jugée sérieuse.
Un extrait déterminant de la décision est : « Les abattements pour durée de détention qu'elles prévoient ne sont pas applicables aux plus-values réalisées et placées en report d’imposition avant le 1er janvier 2013 et dont le report expire postérieurement à cette date. »
Interprétations et citations légales
Les textes de loi appliqués dans cette décision posent question sur l'équité du traitement fiscal des plus-values et leur imposition en fonction de leur date de réalisation et de report. Voici les sections pertinentes analysées :
1. Ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 :
- Cette ordonnance encadre la procédure par laquelle une question prioritaire de constitutionnalité peut être soulevée devant le Conseil d'État : « Un moyen tiré que disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution peut être soulevé à l’occasion d’une instance devant le Conseil d’État. »
2. Code général des impôts - Article 150-0 D :
- Son 1 ter et 1 quater définissent les abattements en fonction de la durée de détention, restreignant leur application aux seules cessions réalisées après le 1er janvier 2013. Ce point est crucial pour comprendre les implications de la décision du Conseil d'État.
3. Déclaration des droits de l'homme et du citoyen - Article 16 :
- Cet article stipule que « toute société dans laquelle la garantie des droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution », soulignant la nécessité d'une conformité aux droits fondamentaux dans l'application des lois fiscales.
La décision montre donc une prise en compte des droits des contribuables face à des modifications fiscales potentiellement rétroactives et le soin apporté à la conformité avec les principes constitutionnels. Le Conseil d'État, en renvoyant la question au Conseil constitutionnel, souligne l'importance de la protection des droits individuels face à des changements législatifs.