Résumé de la décision
La société Château Lilian Ladouys a contesté un arrêt rendu par la cour administrative d'appel de Bordeaux qui lui imposait une amende pour avoir refusé de déplacer un carrelet de pêche installé sur le domaine public maritime. Le Conseil d'État a constaté qu'il y avait eu une erreur de droit sur l'évaluation de la compétence de l'agent ayant notifié la contravention. En conséquence, il a annulé l'arrêt de la cour administrative d'appel, a renvoyé l'affaire devant cette même cour pour un nouvel examen et a décidé que le grand port maritime de Bordeaux devait verser 3 000 euros à la société au titre des frais de justice.
Arguments pertinents
1. Erreur de droit sur la notification : Le Conseil d'État a noté que la cour d'appel a commis une erreur de droit en écartant le moyen tiré de l'incompétence de l'agent qui a procédé à la notification du procès-verbal. La cour aurait dû rechercher si la procédure avait été régularisée par la saisine régulière du tribunal administratif par l'autorité compétente. Cette erreur est significative car elle touche à la légalité de la procédure suivie.
Citation pertinente : "La cour administrative d'appel de Bordeaux, devant laquelle était soulevé le moyen tiré de l'incompétence de l'agent ayant procédé à la notification... a commis une erreur de droit en écartant ce moyen au motif qu'il était sans influence sur la régularité des poursuites..."
2. Impact sur la régularité des poursuites : Le Conseil d'État souligne l'importance de la régularité des poursuites dans les affaires de contraventions de grande voirie. Il est impératif que le juge vérifie que la procédure n’a pas été régularisée par une saisine régulière.
Interprétations et citations légales
La décision s’appuie sur des dispositions spécifiques du Code de justice administrative concernant les contraventions de grande voirie.
- Code de justice administrative - Article L. 774-2 : Cet article stipule que le juge de la contravention doit veiller à la régularité de la procédure, même d'office. Il doit vérifier si la notification des poursuites a été correctement effectuée et si la procédure a été régularisée en cas d’irrégularité.
Citation directe : "Le juge de la contravention de grande voirie, eu égard aux particularités de son office, doit vérifier... si la procédure n'a pas été régularisée par la saisine régulière du tribunal administratif par l'autorité compétente."
En somme, le Conseil d'État fait preuve d'une exigeante interprétation des règles de procédure administrative, garantissant ainsi que les droits des parties sont respectés et que toute décision à l'égard d'une contravention de grande voirie repose sur un processus légal valide. Cette décision sert de rappel sur l'importance de la conformité à la procédure dans le cadre des contraventions administratives.