Résumé de la décision
La présente décision porte sur un recours en cassation formé par le ministre des finances et des comptes publics contre un arrêt de la cour administrative d'appel de Lyon. Cet arrêt avait annulé un jugement du tribunal administratif de Grenoble, qui avait infligé à la société civile immobilière (SCI) 3MC une amende fiscale de 50 % du montant de factures jugées fictives. La cour administrative d'appel a considéré que les factures en question n'étaient pas établies à l'en-tête de la SCI 3MC. Le Conseil d'État a annulé l'arrêt de la cour en considérant qu'une erreur de droit avait été commise, soulignant que la présomption de délivrance d'une facture peut être contestée.
Arguments pertinents
Le Conseil d'État a fondé sa décision sur plusieurs arguments clés :
1. Présomption de délivrance de factures : Bien que la personne dont le nom figure sur une facture soit présumée l'émetteur, cette présomption peut être contestée par l'administration ou par la personne concernée. Si une facture fictive est prouvée comme ayant été délivrée par une autre personne, l'amende ne peut être imposée à celle dont le nom figure sur la facture.
Citation pertinente : "la présomption peut être combattue par l'administration comme par la personne en cause."
2. Erreur de droit de la cour d'appel : La cour administrative d'appel a erronément estimé que la responsabilité de la SCI 3MC pouvait être écartée simplement parce que les factures n'étaient pas établies à son en-tête. Le Conseil d'État a souligné que la responsabilité pouvait toujours être engagée si la SCI contrôlait la délivrance des factures.
Citation pertinente : "la cour administrative d'appel de Lyon [...] a ainsi entaché son arrêt d'une erreur de droit."
Interprétations et citations légales
Plusieurs articles du Code général des impôts sont appliqués dans cette décision :
- Code général des impôts - Article 1740 ter : Cet article stipule que toute personne ayant délivré une facture ne correspondant pas à une livraison ou à une prestation de service réelle est redevable d'une amende fiscale égale à 50 % du montant de la facture. Ce texte souligne la responsabilité attachée à la délivrance des factures.
Citation directe : "Lorsqu'il est établi qu'une personne a délivré une facture ne correspondant pas à une livraison ou à une prestation de service réelle, elle est redevable d'une amende fiscale égale à 50 % du montant de la facture."
- Code général des impôts - Article 1737 : À partir de 2006, cet article précise également que le fait de délivrer une facture non conforme entraîne une amende de 50 %.
Citation directe : "Entraîne l'application d'une amende égale à 50 % du montant : [...] 2. De la facture, le fait de délivrer une facture ne correspondant pas à une livraison ou à une prestation de service réelle."
Cette décision met en lumière l'importance de la vérité des documents comptables et la responsabilité des sociétés en matière de facturation, tout en clarifiant le mécanisme d'imposition des amendes fiscales pour des factures fictives.